Hymne à l'utopie
SEMAINE DU 7 AU 13 JUIN 2008
Dans le cinéma, la fratrie compte beaucoup. Vous connaissiez les frères Coen, les frères Dardenne... et bien France 3 vous permettra de découvrir les
frères Taviani qui réalisèrent en 1973 Allonsanfan : un très beau film sur la désillusion.
Poursuite du cycle "aspects du cinéma italien" dimanche 8 juin sur France 3 avec la diffusion très matinale ou tardive d'Allonsafan
des frères Taviani à partir de 1 heure ! Les noctambules apprécieront ce grand film politique décrivant l'itinéraire d'un ex-idéaliste de gauche (incroyable Marcello Mastroianni) retournant dans
sa famille aristocratique en 1816, après la fin du périple napoléonien, et trahissant les idéaux de sa jeunesse révolutionnaire inspirée des idées françaises. Il ne faudra pas
s'attendre, pour ce film politique, au sens noble du terme, à un récit plombant mais, magie du cinéma italien de la grande époque, à un véritable spectacle qui n'exclut pas les moments
d'émotion qui reviendront dans d'autres oeuvres des frères transalpins comme Padre Padrone et surtout La Nuit de San Lorenzo, pour laquelle je ne cache une grande affection.
Les frères Taviani précisèrent lors de la sortie de ce film leur conception du rapport entre l'histoire et le cinéma. Une belle leçon à méditer : "Comme toujours dans nos films, le
moment historique est un point de référence, un stimulus, l'occasion de coaguler certaines idées, certaines de nos interrogations d'aujourd'hui. Dans ce cas-là, la référence à 1816 est assez
précise Nous avons étudié à fond cette période pour ensuite l'oublier et être plus libres. (...) La reconstruction exacte ne nous intéresse pas; on parle du passé pour parler du
présent". Démonstration est faite que les plus grands films historiques sont ceux qui parlent du monde dans lequel ils ont été tournés, ici l'Italie des années 1970 où s'affrontaient
les idéaux révolutionnaires parfois défendus jusqu'à la violence par les groupes d'extrême gauche et la volonté d'apaisement des partis de gauche, comme le PCI, prêts à se rapprocher
des forces plus conservatrices, quitte à abandonner certains de leurs principes. Peut-on rompre avec ce que l'on a toujours cru et défendu ? Et à quel prix ? Vastes questions atemporelles
!