Rire n'est pas le propre de l'homme (médiéval)
SEMAINE DU 9 AU 15 AOÛT 2008
Un thriller dans une abbaye du Moyen Âge avec des moines pour héros, adapté d'une oeuvre majeure de l'écrivain italien Umberto Eco, avec une
distribution internationale majestueuse, dominée par le tout jeune retraité jamesbondien Sean Connery : rendez-vous jeudi 14 août devant France 3 pour revoir Le Nom de la
Rose de Jean-Jacques Annaud (1986) aux environs de 21 heures.
Film multidiffusé, Le Nom de la Rose domine haut la main une programmation cinéma un peu terne
cette semaine sur les chaines hertziennes françaises. Nous nous en contenterons haut la main tant l'intrigue, l'interprétation rendent l'adaptation du roman d'Umberto Eco très réussie. Recréant
avec brio une atmosphère médiévale (on raconte que même le cuir des sandales de nos chers franciscains et bénédictins devaient être le plus proche possible de celui utilisé au XIVe siècle !),
Jean-Jacques Annaud nous présente en fait une réflexion très contemporaine sur les dogmatismes religieux et même la place du rire (voire de l'humour noir) dans les sociétés. L'historien
spécialiste du Moyen Âge, Jacques Legoff, rappelle d'ailleurs, qu'au Moyen Âge, "si l'on rit, c'est parce que l'on a le diable en soi et c'est le diable qui rit." Une nouvelle découverte
du film d'Annaud permettra peut-être de moins s'intéresser à l'intrigue policière pour privilégier cette approche plus psychologique. On en profitera aussi pour admirer le casting réuni par le
réalisateur français, composé de quelques belles gueules du cinéma, notamment Michael Lonsdale campant l'Abbé, dirigeant le monastère bénédictin où se multiplient les morts mystérieuses
mais aussi Ron Perlman (acteur fétiche de Caro et Jeunet, à l'affiche d'Hellboy) campant un très inquiétant Salvatore au vocabulaire assez réduit. Quant au héros principal, au nom
évocateur, Guillaume de Baskerville, il est interprété par Sean Connery, qui avait quelques mois plus tôt tourné la page des James Bond, avec Jamais plus jamais. Pour mener à
bien son enquête, il n'aura pas cette fois ci les gadgets de Q et son pistolet mais pourra disposer de très anachroniques binocles et, d'un autre arme fatale capable de
faire trembler les moines : le sens de l'humour.