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11 septembre 2008 4 11 /09 /septembre /2008 08:48

Le film de Laurent Cantet, Entre les murs, adapté d'un ouvrage éponyme de François Bégaudeau, va sortir sur les écrans français dans les prochains jours (24 septembre). Ce film a déjà fait parler beaucoup de lui, en obtenant la Palme d'Or au festival de Cannes 2008 en mai dernier. C'était la première fois depuis plus de vingt ans (1987, Sous le soleil de Satan de Maurice Pialat sous les sifflets cannois avec la fameuse déclaration du grand cinéaste "si vous ne m'aimez pas, sachez que moi non plus, je ne vous aime pas !") qu'un film français obtenait la plus haute des distinctions de la Croisette. Photo du film qui constitue aussi l'affiche d'"Entre les murs", qui reconstitue l'atmosphère d'une classe de collège


Comme tout sujet qui touche de près ou de loin les réalités sociales et scolaires, le film est déjà sujet à interprétations, louanges, critiques, non pas sur ses qualités cinématographiques que beaucoup mettent en avant mais sur la vision qu'il donne de l'enseignement. S'agit-il d'une vision fidèle de l'enseignement ? Le pédagogue que met en scène François Marin est-il un exemple à suivre ? Si oui, pour qui ?

Le film a son site officiel qui permet de revoir les photographies de la cérémonie officielle de remise des prix à Cannes mais qui contient aussi une partie "Débats" encore peu nourrie mais certainement pas pour beaucoup de temps... L'une des actrices/profs du film prévient d'emblée : "Nous avons travaillé pendant un an Nous avons eu un scenario Ce n'est donc pas un documentaire !!!! Nous sommes de vrais profs et ce sont de vrais élèves : ceci pour être au plus près de la réalité. Maintenant que les bases sont posées, si vous avez vu le film, et que vous voulez en savoir plus , allez y..."

Parmi les critiques qui commencent à s'élever, on peut par exemple relever celles de Philippe Meirieu, qui dirige la chaîne de télévision Cap Canal, première chaîne vouée à la pédagogie. Ce dernier a accordé un entretien à l'AEF, agence d'informations spécialisées, titré de manière très éloquente : "Entre les murs, un film dangereux". Rien que ça ! Voici quelques extraits de son interview :

L'AEF: Le film "Entre les murs" vous a inquiété. Pourquoi ?

Philippe Meirieu: Ce film m'a fait peur. Je ne remets pas en cause l'œuvre cinématographique de Laurent Cantet en tant que telle, qui est de très haut niveau, encore moins l'ouvrage de François Bégaudeau qui est une œuvre littéraire stimulante. Ce qui m'inquiète, c'est la perception de ce film par l'opinion publique. Parce qu'il a reçu la Palme d'Or du festival de Cannes, il va devenir un produit social. Et je redoute que le professeur François Marin [personnage principal du film] ne devienne à son insu un modèle ou un contre-modèle, qu'il véhicule l'image du bon ou du mauvais prof. Je ne voudrais pas en tout cas qu'il soit considéré comme le porte-parole des pédagogues! 

L'AEF: Qu'est-ce qui vous gêne dans le comportement de cet enseignant?

Philippe Meirieu: Le film montre exactement ce qu'il ne faut pas faire en matière de pédagogie. L'enseignant déborde d'intentions généreuses, mais sa pratique pédagogique est dangereuse. Elle est exclusivement fondée sur l'affect. Il gère sa classe dans un face-à-face qui devient un corps à corps. Sa pratique manque de rigueur et d'attention à toutes les personnes. Dans le film, seuls six élèves émergent du lot, du fait d'une relation affective ambivalente très forte avec leur professeur. On assiste à une pédagogie du vide, à savoir un cours magistral assaisonné de joutes verbales à peine maîtrisées. C'est à l'inverse de ce que je préconise, à savoir une pédagogie exigeante en termes de contenu. François Marin est sans cesse entraîné par les élèves sur leur propre terrain, au lieu de les tirer vers le haut, vers la culture et le savoir. On est au mieux dans le registre de l'animation socio-culturelle. La pédagogie différenciée, ce n'est pas seulement être proche de ses élèves et les écouter. Ça, c'est l'image que veulent bien véhiculer de nous les adversaires de la pédagogie comme Alain Finkielkraut ou Jean-Paul Brighelli. Or je redoute que ce film n'ouvre un boulevard aux anti-pédagogues. (...)

En bref :
Le film est d’abord une œuvre d’art, juste et sensible. L’histoire d’un parcours singulier d’un enseignant aux prises avec des difficultés sociales. François Marin est un homme généreux, solidaire… Mais, par manque de savoirs pédagogiques il reste englué avec ses élèves dans des relations trop exclusivement centrées sur l’affectif. Je ne voudrais pas que ce film laisse croire que ce qui se fait ici est la seule manière d’être proche des élèves : on peut aider les élèves plus efficacement en proposant un cadre pédagogique structuré, en travaillant de manière rigoureuse, en n’empruntant pas systématiquement leur propre langage… Au fond, la classe est gérée ici de manière très traditionnelle : pas de construction d’un projet commun,  produire de l’échec, de l’incompréhension et de l’exclusion. (...)


Oeuvre remarquable parce qu'elle bouleverse les règles de narration cinématographique ? Oeuvre dangereuse parce que donnant encore plus, sous des allures de documentaire, une illusion de réalité condamnable aux yeux de certains pédagogues ? Film qui réhabilite l'école républicaine et notamment le collège unique ou, qui, à l'inverse, révèle ses dysfonctionnements à travers le parcours d'un jeune enseignant ? Voilà bien des questions qui, une fois le film sorti sur les écrans, pourront peut-être trouver des ébauches de réponses !

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commentaires

D
<br /> <br /> Merci pour l'article ! Le film "Le cercle des Poètes disparus" m'a inspiré des réflexions que j'ai consignées ici ( http://goo.gl/KQoO ) La façon dont l’enseignement scolaire est dispensé<br /> conditionne la vie de notre progéniture : les politiques et les parents eux-même ne devraient pas l’oublier quand ils négligent de financer l’éducation des têtes blondes.<br /> <br /> <br /> <br />
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