Les après-midi
joliment régressifs de France 3
SEMAINE DU 1er au 7 NOVEMBRE 2008
Quand les députés ne sont pas dans l'hémicycle du Palais Bourbon ou les Sénateurs dans celui du Palais du Luxembourg, pour
débattre avec les ministres de l'actualité, France 3 a l'habitude de programmer quelques films "patrimoniaux" français... plus ou moins oubliables cependant. Ce ne sera pas le cas cette
semaine avec la diffusion de La Grande Lessive de Jean-Pierre Mocky lundi 3 novembre à partr de 14 heures 50 et Fric-Frac de Claude Autant-Lara jeudi 6 novembre, toujours à la
même heure.
Pour combattre les mornes après-midi automnaux, France 3 a parfois la bonne idée de laisser de côté
son stock de téléfilms américains ou allemands désuets pour diffuser, sans doute pour répondre à ses quotas de diffusion de films européens, des films estampillés qualité française, des années 30
aux années 70. Cette semaine, ce sera La Grande Lessive de Jean-Pierre Mocky qui ouvrira le bal. Tourné il y a quarante ans, en 1968, le film réunit quelques acteurs fétiches de ce
réalisateur iconoclaste : Bourvil et Jean-Marie Poiré (voir photographie) mais aussi Francis Blanche ou encore Michael Lonsdale. Si Mocky est un réalisateur controversé sur le plan des qualités
esthétiques de ses productions, il n'en reste pas moins un redoutable observateur des tares de la société française. Il a souvent fait preuve d'un sens manifeste de l'anticipation (rappelons
nous,par exemple, de sa dénonciation de la bêtise des supporters de football dans A mort l'arbitre au début des années 80) et La Grande Lessive ne déroge pas à cette
qualité. Le début du film est, en effet, une dénonciation de la passivité scolaire... qui serait due aux effets nocifs d'un média en plein essor (dans les années 60) : la télévision (à ne pas
confondre avec Internet, MSN, Face Book, et autres téléphones portables ou baladeurs numériques...). Professeur de lettres dans un lycée, Armand Saint-Just est consterné par les effets de
la télévision sur ses élèves. Les cours ont lieu devant des classes assoupies. Les professeurs s'adressent aux parents pour leur recommander d'éloigner leurs enfants des postes de télévision,
mais cela reste sans résultat. Mieux vaut envisager alors un autre type d'action, plus explosif !
Jeudi 6 novembre, c'est un autre réalisateur subversif qui sera à l'honneur, Claude Autant-Lara (le réalisateur de L'Auberge rouge, la Traversée de Paris) qui s'illustra,
malheureusement, il y a quelques années, en se déclarant proche des thèses défendues par le Front national. En 1939, ce cinéaste populaire réalisa avec Maurice Lehmann une adaptation d'une pièce
de théâtre à succès, en confiant le premier rôle à Fernandel. A ses côtés, nous retrouverons l'immense Arletty et le grandiose Michel Simon. Autour d'une affaire de bijoux volés, Marcel
(Fernandel) voit son amour pour la fille de son patron (bijoutier) vacillé à cause de l'intrigante Loulou (Arletty). Or, cette dernière n'est ni plus ni moins qu'une voleuse, épaulée par son
Jules, un certain Jo (Michel Simon). Pris dans un jeu de dupe, Marcel saura-t-il faire la grande lessive pour retrouver sa belle fiancée ? La réponse jeudi après-midi bien sûr !