SEMAINE DU 16 AU 22 MAI
Permis de laisser
tuer
Pour Ian Holm et Nicolas Cage, il n'y a
qu'un seul commerce qui vaille : celui des armes. Mais leur petit trafic est planétaire : Ukraine, Afrique... Les années 90 sont celles du déréglement mondial et nos deux traficants s'en
donnent à coeur joie. Pour découvrir la trajectoire de Yuri, rendez-vous lundi 18 mai à partir de 20 heures 40 sur M6.
Le cinéaste Andrew Niccol est l'un des plus brillants raconteurs d'histoires qui soit, tout en ne négligeant pas d'apporter à ses
réalisations une réelle profondeur philosophique (Bienvenue à Gattaca en 1998) ou géopolitique (Lord of War en 2005). C'est d'ailleurs ce film que M6 choisit de
diffuser en début de soirée lundi 18 mai. Festival de Cannes oblige, cette semaine est particulièrement dense au niveau de la qualité des films diffusés par les chaînes
françaises. C'est pourtant Lord of War qui ressort de notre sélection impitoyable. D'abord pour la qualité de son scénario, qui nous permet d'appréhender la
complexité des rapports de force dans le monde, à partir de l'itinéraire d'un Américain d'origine ukrainienne saisissant à bras le corps mais de la pire manière qui soit le rêve
américain pour s'enrichir et conquérir "la plus belle femme du monde". Sur sa route, se dressent d'autres concurrents avides de s'emparer d'un marché de l'arme en plein essor, après la fin
du bloc soviétique, mais aussi un agent d'Interpol et un dictateur africain d'une rare violence. La réussite du film se mesure à la capacité du réalisateur à nous entraîner sur les
pas de Yuri, à nous faire aimer le personnage, quitte à ce que, en souhaitant qu'ils traversent toutes les embûches, nous défendions avec lui son indéfendable trafic d'armes. La scène
de la métamorphose du navire où Yuri a caché des armes est à ce titre particulièrement réussie. Mais on appréciera tout autant le générique de début de film qui présente le cheminement
d'une balle, depuis sa fabrication en usine... jusqu'à son odieuse destination.
Au total, un excellent film à ne surtout pas rater, d'autant qu'il repose sur des informations crédibles et une bonne reconstitution des années 90. Je me suis même laissé dire que
certains professeurs l'utilisaient d'ailleurs en classe avec leurs élèves !