SEMAINE DU 15 AU 21 AOÛT
Truand à bout (de souffle)
En 2007, le cinéaste Alain Corneau avait réuni une prestigieuse distribution pour réaliser un remake du grand film de
Jean-Pierre Melville, Le Deuxième Souffle, distribué plus de 40 ans plus tôt... Daniel Auteil, Monica Bellucci, Jacques Dutronc et Michel Blanc après Lino Ventura, Paul Meurisse, Raymond
Pellegrin et Christine Fabrega. Sur Arte, ce lundi, ce sera l'original en noir et blanc qui sera diffusé, pour notre plus grand ravissement.
Pour achever le cycle consacré à Lino Ventura,
Arte, lundi 17 août, a choisi de diffuser Le deuxième souffle de Jean-Pierre Melville à partir de 20 heures 45, un film de gangsters qui s'étire sur près de 2 heures 30
nous menant sur les traces du truand Gu, tout juste échappé de la prison de la Centrale et qui retrouve à Marseille son ancienne amie, Manouche. Poursuivi par la police et l'inspecteur Blot (Paul
Meurisse) mais aussi par son passé, puisqu'il accepte un dernier braquage, avant de tourner la page, Gu doit affronter de multiples dangers pour "sauver sa peau" et son honneur.
Mais, dans le cinéma de Melville grand admirateur des tragédies à l'antique, on n'échappe pas à son destin et dans une atmosphère lourde, arrive l'inéluctable à petit pas... Le
deuxième souffle fut le dernier film réalisé par Melville en noir et blanc. Son scénario fut l'oeuvre de José Giovanni qui avait une prédilection certaine pour les histoires
sombres magnifiant le sens de l'honneur. C'est le rythme du film qui peut aujourd'hui surprendre le plus : Melville n'hésitant pas à sacrifier à une mise en scène si
ce n'est léthargique, tout du moins erratique, dépouillée de tout artifice. Ainsi, le dernier coup que tente Gu est-il précédé de 15 minutes sans la moindre parole et avec
une utilisation minimaliste de la musique. C'est pourtant bien ainsi que Melville fait naître le suspens (Tarantino s'affirmant en cela comme un de ses plus proches héritiers) et
surtout le caractère tragique de son film. Comme à son habitude également, Melville distille aux spectateurs sa morale grâce à quelques "cartons" au contenu très explicite
: "L'auteur de ce film ne prétend pas assimiler la "morale" de Gustave Minda à la morale" ou encore "A sa naissance, il n'est donné à l'homme qu'un seul droit :
le choix de sa mort. Mais si ce choix est commandé par le dégoût de sa vie, alors son existence n'aura été que pure dérision".
Finalement, le plus bel hommage rendu au cinéma de Melville n'a, pour l'instant, pas été le film-remake de Corneau mais bien le Ghost Dog, la voie du samouraï de Jim
Jarmusch sorti sur les écrans il y a déjà 10 ans.