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1 septembre 2011 4 01 /09 /septembre /2011 08:21

L'édition du concours 2009 est désormais derrière nous. Cette année, les sujets ont privilégié la géographie à l'histoire pour les candidats ayant choisi une dominante histoire-géographie pour la 3ème épreuve d'admissibilité. Commençons toutefois par nous attarder sur la question de mineure du sujet d'histoire : "Quels sont les aspects de la crise que connaît le royaume de France à la fin des années 1780 ?"

Evidemment ce sujet renvoyait aux origines directes ou indirectes de la Révolution française et incitait les candidats à faire un tableau des différents domaines où la "crise" (terme très à la mode depuis quelques temps mais qui ne devait absolument pas être envisagé sous un angle seulement économique et financier pour ce sujet) frappait le royaume de France.

On pouvait d'ailleurs commencer par préciser que ce royaume s'était constitué progressivement depuis de nombreux siècles autour d'un territoire et surtout d'une autorité incarnée par les dynasties capétiennes. Mais les années 1780 constituent une période particulièrement agitée à différents points de vue, qui confirme cette sentence prémonitoire, attribuée à Louis XV mort en 1774, "après moi, le déluge". Quels sont donc les aspects de cette crise ?

Il y a certes, d'abord, des aspects économiques et financiers. La monarchie capétienne est exsangue, très lourdement endettée. Les recettes sont très largement inférieures aux dépenses. En 1788, le budget de l'Etat français laisse apparaître un déficit de 130 millions de livres. C'est d'ailleurs, notamment, pour proposer aux privilégiés de participer à l'impôt que les Etats généraux sont convoqués par Louis XVI à Versailles le 5 mai 1789. En plus, cette fin du XVIIIe siècle voit un ralentissement de la croissance économique, à partir du milieu des années 1770, avec effondrement du prix des grains, qui constituent la base du revenu d'une population à écrasante majorité vouée aux travaux agricoles. En 1788-1789, éclate une violente crise de subsistances dus à des récoltes catastrophiques qui font monter le prix du pain de manière importante, notamment dans les villes, dépendantes des campagnes. Des situations de disette apparaissent et provoquent un fort mécontentement populaire.

journeetuiles7juin1788.jpg  La "journée des Tuiles" à Grenoble le 7 juin 1788, une peinture d'histoire réalisée au XIXe siècle par Alexandre Debelle. La force armée royale veut le 7 juin 1788 exiler les parlementaires grenoblois, jugés peu dévoués à la royauté. La foule bombarde alors les soldats avec des tuiles et contraint le représentant du roi de battre en retraite.

Il y a aussi des aspects politiques. En ce sens, c'est le système de la monarchie de droit divin qui est attaqué. Il faut bien voir que dans les années 1780, la monarchie n'a plus du tout le caractère absolu qu'elle pouvait revêtir un siècle plus tôt sous Louis XIV ! Les attaques contre la concentration des pouvoirs dans les mains d'un seul homme, mais aussi contre la famille royale, en particulier Marie-Antoinette (affaire du collier en 1785) prennent une nouvelle vigueur dans les années 1780. S'inscrivant dans la lignée de la philosophie des Lumières, des idées remettant en cause le fonctionnement politique du royaume circulent de plus en plus. Ainsi, Le Mariage de Figaro de Beaumarchais joué pour la première fois en 1784 après 6 années de censure critique l'autorité concentrée dans les mains d'un seul homme, les courtisans qui entourent le roi ("médiocre et rampant et l'on arrive à tout"), l'absence de liberté d'expression ("sans liberté de blâmer, il n'y a point d'éloge flatteur..."). Cette contestation politique prend de l'ampleur, se répand en province (en 1788, dans le château de Vizille, les députés du Dauphiné critiquent le despotisme royal... et demandent la convocation des Etats Généraux). Cette crise politique est aussi alimentée, au point de vue philosophique, par l'expérience de la révolution américaine, qui a débouché en 1787 sur la rédaction d'ue Constitution, respectant le principe de la séparation des pouvoirs, qui n'existe pas dans le système monarchique français et octroyant aux hommes des droits naturels garantis par un texte constitutionnel.

Il y a, enfin, des aspects sociaux. La société d'ordres divisée entre clergé, noblesse et Tiers Etat, et fondée sur des privilèges de la naissance, est de plus en plus contestée. L'examen des cahiers de doléances rédigés avant la tenue des Etats Généraux laisse apparaître une critique sévère contre l'absence de libertés mais aussi contre tous les privilèges seigneuriaux hérités de la période féodale (droit de chasse, redevances...). Ces critiques émanent du peuple, lorsque ses revendications ont pu être relayées par des députés scrupuleux, mais surtout de la bourgeoisie dont le pouvoir et l'influence politiques sont réduites par rapport à son rôle économique. Là encore, les esprits éclairés des Lumières relayent cette contestation ("Vous vous êtes donné la peine de naître et rien de plus" dans Le Mariage de Figaro).

En conclusion, la corrélation de ces différents aspects entraîne une situation explosive et explique qu'une révolution à la fois politique et sociale éclate en 1789, année qui scelle le sort d'un Ancien Régime politique (monarchie de droit divin) et social (société d'ordres).

Cet article ne constitue en rien un corrigé officiel de l'épreuve. Il s'agit simplement d'une mise en forme organisée de quelques arguments susceptibles de répondre au mieux au sujet. En outre, la précision des exemples n'est pas la même que celle qui peut être exigée au concours dans une épreuve où le temps est très limité.

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Published by G. SABATIER - dans HISTOIREGEOCRPE Archives

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