Voici la correction de la question mineure d'histoire du concours blanc du 2 décembre :
Sujet de mineure d’histoire : « Les Gaulois : un peuple barbare ? »
Remarques préliminaires : rappels avant le concours :
-bien analyser le sujet pour éviter tout hors sujet
-écrire lisiblement (même si le temps presse)
-ne surtout pas faire de plan détaillé pour répondre mais des paragraphes rédigés et organisés.
-faire attention à l’orthographe et à la rédaction (phrases parfois incorrectes)
Remarques sur l’intitulé du sujet qui pose plusieurs questions :
- le terme « Gaulois » est au pluriel alors que celui de peuple est au singulier. On pouvait en introduction indiquer que les Gaulois ne formaient pas un peuple uni et que
cette division est d’ailleurs un facteur qui a contribué de donner d’eux, notamment aux yeux des auteurs antiques, l’image de « Barbares ». Malgré tout même s’ils sont divisés en de nombreuses
petites nations ils partagent quand même une même langue et des croyances identiques (même s’il existe des Dieux locaux).
- l’absence de dates renforce le problème : à quel moment commencer l’étude et où l’achever ? Il était possible de borner le sujet, de l’installation de peuples celtes, à
partir du Ve siècle avant J.C, sur un territoire ensuite nommé par les Romains « Gaule », jusqu’à la romanisation de ce territoire (Ier siècle av J.C) où s’imposait une autre culture. Ce
temps long (4 siècles) permettait d’ailleurs de nuancer la vision du Gaulois barbare car d’après les historiens, comme Ch. Goudineau, les valeurs guerrières sont notamment de moins en moins
prégnantes sur le long terme dans la société gauloise.
Une représentation du Gaulois guerrier, ne craignant qu'une chose,....
Une vision juste ou stéréotypée de l'époque celtique ?
Eléments de réponse : le texte qui suit n’est pas celui que l’on peut attendre d’un candidat au CRPE disposant d’une vingtaine de minutes pour faire le tour de la question. Son contenu est aussi
destiné à compléter votre information sur ce point du programme.
Introduction :
Les Gaulois forment une partie des peuples. Cette dénomination a été donnée à ceux qui se sont installés dans une partie de l’Europe allant des rives du Rhin à l’Atlantique, à partir du Ve siècle
av J.C. Les Gaulois sont extrêmement divisés (sans doute une soixante de peuples) et sont très souvent rivaux. L’image qu’en donnent les sources littéraires antiques les assimilent généralement à
des peuples violents, qui, pour reprendre une déclaration qu’aurait entendue Alexandre le Grand de la part des Gaulois (déclaration immortalisée ensuite par une bande dessinée célèbre), n’ont
peur que d’une chose, c’est que le ciel leur tombe sur la tête. Mais cette représentation est-elle valide scientifiquement ? autrement dit : les Gaulois constituaient-ils vraiment un peuple
barbare ?
- un premier paragraphe pouvait insister sur les caractéristiques d’une société guerrière, fondée sur des rapports sociaux très hiérarchisés, dominés par des aristocraties
combattantes s’efforçant de se constituer des clientèles. Les Gaulois ont longtemps été considérés comme de redoutables guerriers (notamment d’excellents cavaliers ; les seuls capables de
menacer Rome après le sac de Rome en 387 avant Jésus Christ). Ils se font régulièrement la guerre entre tribus, pour contrôler des territoires, notamment les cours d’eau où ils taxent le
commerce. Les Grecs les utilisaient d’ailleurs comme mercenaires pour leurs conquêtes. Des fouilles archéologiques ont permis de découvrir des nécropoles importantes où ces combattants étaient
inhumés avec leur armement et où les corps d’enfants étaient aussi nombreux. C’est dire si l’art du combat faisait partie de la culture gauloise. Des sanctuaires gaulois, comme celui d’Entremont
en Provence, exposent des crânes à leur entrée car il était de tradition qu’à la fin des combats, les guerriers rapportent les têtes des ennemis vaincus.
- un deuxième paragraphe pouvait nuancer cette vision en insistant sur le fait que la division « barbare/civilisé » était un leitmotiv de la pensée antique. Or, l’histoire a été
écrite par les Grecs et les Romains qui se targuent de représenter la « civilisation », il était donc logique de voir les Gaulois présentés comme des êtres sanguinaires et barbares, ce que
contredisent les recherches historiques actuelles en insistant sur la complexité et la richesse de la société celtique. De plus, sur la longue durée, les habitudes guerrières paraissent selon
certains historiens s’estomper chez les Gaulois. Deux éléments, parmi d’autres, pouvaient notamment montrer que les Gaulois connaissaient aussi la « civilisation » bien avant l’arrivée des
Romains :
o Une organisation urbaine beaucoup plus poussée que l’on ne l’a longtemps cru. Or, dans l’Antiquité, l’organisation en «urbs » ou « polis », c'est-à-dire en cité, constitue une
marque de civilisation. Les villes gauloises(oppida) sont autant de centres artisanaux et religieux, des carrefours commerciaux, où siège l'aristocratie. On pense même qu’elles pouvaient se
spécialiser selon certaines fonctions. Elles se sont développées surtout à partir de 150 av J.C, sans doute de manière spontanée, ce qui les différencie toutefois des cités romaines ou grecques
qui se développent progressivement.
o Un développement économique et « technologique » antérieur à la romanisation : le travail du fer, de la terre (la Gaule n’était pas entièrement couverte de sombres forêts, les
Gaulois avaient inventé les premières moissonneuses), du bois (avec notamment l’invention du tonneau), et au niveau textile la mode des vêtements colorés reflète autant la qualité de leurs
techniques que leurs goûts. Cette prospérité économique nourrissait des échanges importants, y compris à l’échelle du bassin méditerranéen, attestés par exemple par la diversité des monnaies
retrouvées et l’ampleur des voies de communications (routes et fleuves navigables). Par ailleurs s’ils étaient plus indifférents que les Méditerranéens à la qualité de leur habitat (maisons
simples au décor assez pauvre) leur sens artistique s’exprimait dans la parure ou le décor des armes qui atteste de leur talent dans le travail du fer mais aussi dans certaines
spécialisations comme l’émail et le placage or ou argent.
Une conclusion courte devait apporter une vision nuancée
de la société gauloise en montrant qu’elle se fondait sur des valeurs guerrières et une grande part de violence mais aussi qu’elle détenait des traces civilisationnelles beaucoup plus profondes
que ce qu’en retient généralement la mémoire collective nourrie par certains stéréotypes tenaces (la Gaule chevelue).