Shutter Island

SEMAINE DU 2 AU 8 FEVRIER

Insularité

   A la fois hommage à la série noire et au cinéma fantastique, Shutter Island est un des exemples les aboutis, avec Les Autres d'Amenabar, du cinéma paranoïaque puisant son inspiration dans les années 1940 et 1950. 

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Choix judicieux de France 2 en ces jours gris et venteux de nous donner à voir et à apprécier Shutter Island de Martin Scorsese, sorti en 2010, adaptation d'un roman de Dennis Lehane, qui rencontra un succès important tant aux Etats-Unis qu'en France.

L'histoire, truffée d'ambiguïtés et de mystères, se situe en 1954 au large de Boston, à Shutter Island, une île abritant un asile psychiatrique pour criminels sur laquelle un marshall (policier) se rend pour retrouver une mystérieuse femme disparue dans cet endroit d'où il est impossible... de fuir ! 

Sa quête, entre passé (souvenirs des camps de concentration qu'il a libérés en Allemagne pendant la seconde guerre mondiale, décès de sa femme morte dans un incendie) et présent (exploration de tous les lieux de l'île, palais du psychiatre, clinique où se trouvent les patients, falaises rocheuses, phare...), le confronte à des personnages tous plus inquiétants les uns que les autres et surtout à ses propres démons. 

Filmer l'angoisse et l'horreur, Scorsese est un spécialiste du genre, que ce soit à ses débuts dans la jungle urbaine new-yorkaise (Mean Streets, Taxi Driver), sur un ring de boxe (Raging Bull) et surtout dans le milieu de la pègre (les Affranchis, les Infiltrés). Ici, il la filme à chaque plan ou presque faisant de chaque lieu un espace d'enfermement : l'île bien sûr, mais aussi la clinique-prison, la chapelle... et surtout il la traque sur tous les visages des protagonistes du film, rappelant que nul n'est épargné par la folie, y compris ceux qui cherchent à la combattre.