Mercredi 16 décembre s'est déroulée au Centre d'Histoire de la Résistance et de la Déportation de Lyon,
la finale régionale du concours lycéen des plaidoiries du mémorial de Caen.
L'objet du concours consiste à soutenir oralement une plaidoirie relative aux droits de l'homme. L'ensemble de la classe de Terminale ES1 du lycée Claude Fauriel était engagé dans cette réflexion
sur les droits de l'homme et les élèves ont donc, par la même occasion, participé au concours, avec l'appui de la section stéphanoise de l'organisation
Amnesty
International.
Deux équipes de l'établissement ont eu la chance de participer à la finale régionale, après avoir franchi le cap des sélections écrites. Lina Zattouta et Mickaël Mantione ont plaidé pour le droit
à l'éducation des jeunes filles en Afghanistan avec "l'obscurantisme mis en lumière". Audrey Dubessay a quant à elle défendu la liberté d'expression en Russie avec une plaidoirie intitulée "Les
maux russes : les mots censurés".
Ces trois élèves ont brillamment défendu leur cause avec talent et conviction et on ne peut qu'être admiratif devant leur engagement et le travail qu'ils ont fourni.
Le jury prestigieux et exigeant composé de journalistes, magistrats, professeurs, lauréate de l'an dernier... a décerné le troisième prix régional à Lina et Mickaël.
Pour ceux qui douteraient encore de l'utilité de l'enseignement de l'histoire géographie et de l'ECJS en classe de Terminale, voici quelques extraits du texte de ces deux élèves récompensé à sa
juste valeur :
Le philosophe américain John Dewey a dit : « L’éducation est un progrès social … L’éducation est non pas une préparation à
la vie, l’éducation est la vie même ».
Alors que dire de la situation de certaines jeunes filles afghanes, pour qui, le droit et l’accès au savoir et à l’éducation sont strictement
inaccessibles ?
Cet après midi, cette impossibilité de recevoir un enseignement, donc de recevoir ce que doit apporter toute vie,
sera le sujet de notre plaidoirie.
Oui, Mesdames et Messieurs, cette situation existe bel et bien de nos jours, au XXIème siècle, dans un pays lointain mais qui nous est
familier. Le conflit qui se déroule en Afghanistan depuis 7 ans engage des troupes françaises. Certains
de nos soldats y ont trouvé la mort et on en parle légitimement dans les journaux télévisés. En Afghanistan, le droit à l’éducation est aussi bafoué constamment pour les jeunes filles mais cela
se déroule dans la plus totale indifférence.
Ne trouvez-vous pas cela aberrant ? Agressions physiques, agressions morales, sont le triste résultat d’actes inhumains, barbares, d’une idéologie plus
que dépassée. Cette idéologie, c’est l’obscurantisme : c’est à dire l’opposition à la diffusion de l’instruction, de la culture et de tout progrès.
Celle-ci est diffusée par des hommes : les Talibans, membres d’un mouvement islamiste militaire afghan, prétendant appliquer intégralement la loi coranique.
Pour eux, l’accès des filles à l’éducation est impensable, inenvisageable et inadmissible.
Mesdames, Messieurs, avez-vous déjà entendu dire qu’il était stipulé dans le Coran, qu’une jeune fille devait être violentée parce que son seul désir était de se
rendre à l’école ?
Ces agressions nous paraissent horribles mais pour les Talibans, elles sont nécessaires et légitimes puisque qu’ils se livrent à une interprétation erronée du
Coran.
En 1996, un régime taliban s’était installé en Afghanistan excluant les filles des écoles et brisant par la même occasion, la loi de 1964, rendant l’école
obligatoire et gratuite. Par la suite en 2001, le pouvoir des Talibans a pris fin et ainsi l’Afghanistan connut une forte hausse des inscriptions
scolaires. Entre 2002 et 2007, plus de six millions d’enfants ont été inscrits à l’école, les filles représentant 35.7% d’entre eux.
Nous aurions pu croire au début d’un véritable progrès mais ce ne fut pas le cas, du moins pas complètement. Car, dans certaines régions, depuis quelques mois, la
pression des Talibans se fait de plus en plus ressentir. (...)
Toute fille afghane devrait donc pouvoir se rendre à l’école sans craintes, ni peurs des représailles mais en ayant foi en un avenir meilleur. Leur volonté d’apprendre étant plus forte que
tout, il serait donc indispensable de nous soucier avant toute chose que tout enfant ait un accès à l’éducation partout dans le monde avant d’oser en privilégier certains en les rémunérant afin
qu’ils se rendent à l’école.
Nous faisons référence ici, Mesdames, Messieurs, à des établissements de l’Académie de Créteil qui avaient décidé de rémunérer des lycéens en échange de
leur présence en cours et d’un travail assidu.
Ne trouvez-vous pas cela choquant, révoltant, de voir que, dans nos sociétés modernes et développées, des élèves puissent être rémunérés pour un droit qui leur
est acquis, garanti, alors que dans certaines régions du monde des enfants n’ont même pas la chance de pouvoir se rendre à l’école ?
Alors vous mesdemoiselles qui tenez, envers l’école, des propos tels que « ça me saoule, ça me gave, ça me fait chier », prenez conscience que
des milliers de jeunes filles, dans le monde et plus particulièrement en Afghanistan, ne rêvent que d’une chose : apprendre et apprendre sans contraintes.
En reprenant donc la citation de John Dewey, pour qui l’éducation est un progrès social, il paraît essentiel de dire que les femmes afghanes
doivent pouvoir contribuer pleinement au développement de leur pays et cela commence tout naturellement par leur accès à l’éducation. Une éducation qui loin de les aveugler, leur ouvrira
au contraire les yeux… et mettra en lumière l’obscurantisme où l’on
veut hélas les plonger.
Les lauréats recevant leur prix et les félicitations des membres du jury