Correction de l’interrogation : « aménagement des territoires en France métropolitaine
(objectifs, acteurs, conséquences) »
Quelques constats :
- Beaucoup de copies comportent un
croquis avec une légende, ce qui est un point positif. Le croquis même s’il est simple doit malgré tout être soigné (titre et légende à l’encre) et apporter un plus. Certains
croquis n’ont rien à voir avec le sujet et parfois avec le contenu du texte écrit avant ou après eux !
- Attention au niveau d’expression
et à l’orthographe : notamment, développement, aménagement, voies de communication
- Dans la forme, la méthode de la
composition est bien en place mais l’introduction est souvent ratée, car personne ou presque ne pense à analyser les termes du sujet : aménagement et
territoires.
Quel plan pour la composition ?
Le plan de la composition dépend du sujet donné et ne peut pas être une récitation
de leçons mises bout à bout. Certains parlent, par exemple, de l’implantation de sites industriels français à l’étranger, ce qui pour un sujet sur la France métropolitaine (excluant donc
les territoires ultramarins), est assez surprenant ! Des parties entières sont consacrées à l’explication d’un réseau urbain… Les
connaissances doivent s’adapter au sujet donné.
Pour réaliser la composition, le sujet précisait entre parenthèses trois entrées possibles : « objectifs » ce qui
revenait à se poser la question suivante : « pourquoi aménage-t-on les territoires en France ? » ; « acteurs » : « qui aménagent les territoires
en France ? » ; « conséquences »: « quels problèmes résultent de l’aménagement des territoires en France ? » Répondre en trois parties à ces questions
garantissaient de bien cerner le sujet. Il y avait d’autres démarches possibles, comme dresser une typologie des différents aménagements en fonction des principaux milieux du territoire français,
ou encore réaliser une réflexion à plusieurs échelles (locale, régionale, nationale) pour voir comment fonctionnait l’aménagement des territoires. Mais les solutions les plus simples surtout dans
un exercice en temps limité ne sont pas souvent les plus mauvaises !
Introduction : elle comporte toujours trois étapes.
L’accroche ou l’entrée en matière doit conduire le correcteur au
sujet.
Exemple : ‘La France métropolitaine, n’incluant pas les départements et territoires
d’outre mer, est un lieu de transit important entre l’Europe du Sud et l’Europe du Nord. De plus, notre pays se développe aussi donc il faut constamment aménager les territoires. L’aménagement
s’effectue selon les besoins et en plusieurs étapes où interviennent différents acteurs ayant différents rôles à jouer, et étant souvent en désaccord.’ (William) ou encore ‘La France doit à son histoire son actuelle organisation du territoire et au fil des années, dans une logique de progrès, elle tend à
améliorer l’aménagement des territoires. Cependant, elle doit respecter de nombreux critères face à des contraintes de plus en plus importantes.’ (Chloé)
La deuxième étape consiste à analyser le sujet pour arriver à une
problématique. Peu d’élèves passent par cette étape qui est essentielle. Il faut définir les termes importants de manière simple mais claire. Aménagement renvoie à l’action de l’homme
qui transforme ce que la nature lui a donné, pour l’améliorer. Le terme « territoires » est au pluriel alors que l’on a longtemps parlé en France d’aménagement du territoire. Le
territoire est un morceau d’espace marqué par un passé et une histoire que l’homme transforme. Pourquoi parle-t-on aujourd’hui d’aménagement des territoires et non plus du
territoire ? pouvait constituer le cœur de la réflexion. D’autres problématiques ont été dégagées par les élèves comme ‘comment aménager les territoires en France, dans
quelles logiques et qui est à l’origine de ces aménagements ?’ (Chloé) ou ‘dans quelle mesure l’homme essaye-t-il de concilier milieu naturel et aménagement des
territoires ?’ (Marion) ou ‘A quel niveau se font les différents aménagements en France et quelles en sont les répercussions sur le
territoire ?’ (Camille)
Une fois la question posée et le plan annoncé (3ème étape), le but de la
composition sera d’apporter progressivement, au fil des parties, des éléments de réponse !
PLAN DETAILLE POSSIBLE
I Pourquoi aménager les territoires en France ? …
-
1. … pour développer l’espace économique français (améliorer la performance des
territoires)
Créer des pôles d’activités, notamment à la périphérie des
grandes agglomérations (implantation des pôles de compétitivité), nécessité d’intensifier les relations avec les partenaires européens, exploiter les ressources : agriculture intensive
utilisant le remembrement ou l’irrigation, exploitation de la forêt pour la construction…
2. … pour faciliter la mobilité des hommes à différentes
échelles
Des aménagements locaux pour fluidifier le trafic pendulaire
(exemple : créer un pont suspendu sur la Loire), créer de nouvelles relations entre les villes (lignes à grande vitesse, autoroutes en projet)
3. … pour répondre aux besoins d’une
société de loisirs
Développement des zones touristiques dès les années
60 (région comme le Languedoc), des stations d’hiver, des parcs d’attraction ou de zones d’animation comme les complexes d’animation à l’échelle locale.
4. … pour corriger les erreurs du passé
Mieux répartir la richesse plutôt que de la concentrer sur quelques pôles (lois de
décentralisation) ; construire des équipements pour désenclaver des territoires (viaduc de Millau par exemple).
Bilan : on peut bien parler d’aménagement des territoires car aujourd’hui les objectifs sont très nombreux et diffèrent aussi selon les échelles.
II Quels acteurs interviennent ?
-
1. L’Etat : un rôle encore décisif
Longtemps seul ou presque décideur (cf : ministère de l’équipement ou de l’aménagement du
territoire qui est devenu le ministère de l’aménagement et du développement durables), il peut aussi financer des projets : reconversion des zones en déclin ou en déprise, pôles de
compétitivité…
2. Les collectivités territoriales de plus en plus en plus
présentes
Elles soutiennent ou s’opposent à des projets d’aménagement
(cf : le conseil général de la Loire qui finance le pont suspendu sur la Loire, le désaccord entre les conseils généraux de la Loire et du Rhône pour l’A45). Elles ont un rôle très
important dans l’aménagement des territoires et peuvent intervenir pour rééquilibrer les relations entre les métropoles des régions, notamment par les transports. Rôle de plus en plus
important de l’intercommunalité pour implanter les équipements collectifs (comme les déchèteries) et augmenter leur efficacité, ou améliorer l’utilisation des transports collectifs en milieu
urbain (exemple : les PDU)
3. Les acteurs locaux : riverains, associations, monde
économique…
Rôle de pression très important pour soutenir ou s’opposer
à l’aménagement des territoires. Conflit d’acteurs entre eux ou avec l’Etat et les collectivités territoriales en fonction des intérêts qu’ils cherchent à défendre : protection du cadre
de vie, défense des activités de loisirs, implantation de zones d’activités, de loisirs, ou volonté de préserver les activités plus anciennes (ex : les marais salins en Camargue),
réalisation de voies de communication
Bilan : on peut bien parler d’aménagement des territoires étant donné la multiplicité des acteurs qui interviennent et qui défendent des intérêts
divergents.
III Pour quelles conséquences ?
1. Des milieux de plus en plus anthropiques
Disparition des milieux naturels sous l’action de
l’homme : interventions massives dans le milieu urbain et littoral : endiguement, remblais, transformation des paysages. Même dans les territoires ruraux, l’action de l’homme est de
plus en plus visible : irrigation, remembrement.
2. Des risques renforcés par
l’action de l’homme
Développement de l’érosion dans les milieux littoraux
qui fragilisent certaines espaces : ensablement, destruction des falaises ; pollution de l’eau, de l’air renforcés par le développement de l’élevage hors-sol dans certaines
régions ; risque d’incendie dans les forêts méditerranéennes…
3. La prise en compte des répercussions environnementales
Depuis une vingtaine d’années, apparition d’une législation importante : loi littoral (86), loi sur
l’air (96), volonté de préserver des territoires : conservatoire littoral qui achète des terres pour éviter l’urbanisation, création de parcs naturels nationaux (Ecrins, Vanoise, Cévennes)
ou régionaux (Pilat). Volonté de concilier besoins des hommes et respect de l’environnement qui s’incarne dans la volonté de promouvoir un développement durable… qui reste un compromis parfois
bien difficile à trouver !
Conclusion : l’expression aménagement des territoires est pour la France métropolitaine se justifie de plus en plus, tant les questions d’aménagement sont complexes, faisant intervenir des
logiques et des acteurs différents, en situation parfois de rivalité. En outre, les territoires s’aménagent à différentes échelles (de l’échelle européenne à l’échelle locale), qui se superposent
parfois.