
Le blog de Gilles Sabatier, un prof d'histoire-géographie du lycée Claude Fauriel à Saint-Etienne (Loire)
UN BLOG PARMI D'AUTRES POUR FACILITER LES RELATIONS, LES ECHANGES AVEC LES HEUREUX JEUNES GENS QUI ONT LE PLAISIR DE SUPPORTER G. SABATIER QUELQUES HEURES PAR SEMAINE ! QUE LA FORCE SOIT AVEC CEUX QUI CONTRIBUERONT A CE BLOG ET A CELUI QUI TENTERA DE LE FAIRE VIVRE ! POUR QUE TOUS SUIVENT LA ROUTE DE L'HISTOIRE-GEOGRAPHIE
A partir d'un schéma simplifié de la plate-forme multimodale et aéroportuaire Roissy Charles de Gaulle, les élèves de Première devaient reconstituer une légende
respectant les règles données (légende structurée, choix des figurés pertinent, bon usage du vocabulaire géographique).
Voici deux travaux de 2 élèves de la classe, Nathan et Vincent B.
La
légende de Nathan est très bien organisée autour de 3 parties distinctes et pertinentes. Dommage que le vocabulaire géographique ne soit parfois pas plus utilisé. En particulier, à la place de la
première entrée ("un réseau diversifié") un peu vague, il aurait été judicieux d'utiliser le terme de plateforme multimodale. Dans cette rubrique, manque d'ailleurs la liaison par RER,
pourtant présente sur le schéma. Pour les 2 autres rubriques, on pourrait regretter l'absence de la métropole parisienne dans le rayonnement international. Le figuré peut ainsi se justifier dans
la seconde et la troisième colonnes.
Le
travail de Vincent montre qu'à partir d'un même schéma, il est possible de concevoir des légendes tout à fait différentes mais tout aussi légitimes. On pourra formuler la même remarque que pour
Nathan pour le libellé de la rubrique II qui aurait gagné à convoquer la notion de plate-forme multimodale. Pour le reste, le travail est cohérent et n'oublie aucun figuré utilisé sur le schéma
(dommage de ne pas avoir ajouté plus de couleurs pour les réseaux de transport). Une maladresse d'expression pour le libellé de la première rubrique de la légende avec l'expression "une vision
économique".
Merci aux deux élèves d'avoir (spontanément) rendu leur travail pour le bien de tous !
Voici quelques exemples de cartes réalisées par les élèves de la classe à partir du sujet : "l'organisation du territoire des Etats-Unis : les dynamiques régionales".
De manière générale, il convient de rappeler quelques règles que peu d'élèves respectent encore. La carte consiste à traiter un sujet donné. Beaucoup de copies oublient ce qui paraît le plus évident : découper le territoire des Etats-Unis en fonction de ses grands ensembles géographiques. Ensuite, il convient de ne pas oublier les Etats frontaliers, surtout lorsqu'ils se limitent à 2 et que des zones de contacts et d'échanges avec les Etats-Unis mais aussi les océans, le golfe du Mexique... Attention aussi à bien organiser sous formes de thèmes la légende en utilisant un langage géographique simple mais clair.
Voici par exemple la carte de Marion C.
On y trouve des points forts :
- Le lisibilité et le soin porté à la réalisation, y compris dans la légende
- Une légende structurée (attention à l'orthographe toutefois)
mais aussi quelques points à améliorer :
- Une maladresse d'exécution avec les zones blanches alors que le figuré choisi est un figuré ponctuel (zonage en pointillés bleus) : il fallait utiliser les couleurs également pour ces parties du territoire des Etats-UNis
- des localisations pas assez suffisantes : il manque beaucoup de villes, dont certaines très importantes comme Chicago. Il n'y a pas de hiérarchie entre les villes. Dommage également de ne pas avoir indiqué le nom de quelques régions dynamiques (ex : Métrolina).
- Quelques maladresses dans la rédaction de la légende (ex : le centre présenté comme une zone de transit).
Cette deuxième carte de Lucie
D. présente, elle aussi, des qualités :
- une réalisation soignée également
- une légende structurée avec des entrées correspondant bien au sujet donné
- des localisations nombreuses, même si le nom de certaines régions fait également défaut
mais on y retrouve aussi des points à améliorer :
- des maladresses d'expression "dynamique spatiales", "axes fluviales"...
- le point de départ et la destination des flux internes ne sont pas assez précis
- La deuxième partie de la légende est très riche et mêle des aspects différents. Il aurait été judicieux de réorganiser les informations avec notamment la 3ème partie qui, à l'inverse, est beaucoup trop sommaire et un peu en marge du sujet.
Voici un corrigé du devoir du vendredi 30 mars à partir d'un texte d'Harold Macmillan, premier ministre anglais, en 1960, au sujet du mouvement de décolonisation.
EXERCICE A
Tiers-Monde : Expression inventée en 1952 par le sociologue français Albert Sauvy, à partir de l’expression historique Tiers-Etat, désignant la possible émergence d’un troisième monde, composé notamment de pays nouvellement indépendants, dans le contexte de l’opposition Est/Ouest.
Non-alignement : Politique initiée à la fin des années 50 et au début des années 60 (conférence de Belgrade) par certains leaders de pays du Tiers-Monde consistant à refuser de suivre le modèle idéologique américain et soviétique.
EXERCICE B
1. A la date du discours, Harold Mac Millan est le premier ministre du Royaume-Uni qui était la première puissance coloniale du monde. Le processus de décolonisation en est à un tournant. En effet, les décolonisations ont commencé en Asie dès la fin de la seconde Guerre mondiale (Inde, 1947, Indonésie 1949, Indochine 1954). Le mouvement touche ensuite l’Afrique avec l’indépendance de la Tunisie et du Maroc en 1956 (protectorat français), du Ghana en 1957 (ex-colonie britannique), de la Guinée en 1958 (ex-colonie française). 1960 marque l’indépendance des pays d’Afrique noire colonisés par la France (Mali, Sénégal, Côte d’Ivoire). Ce discours a été prononcé dans un contexte de décolonisation accélérée du continent africain mais le processus demeure inachevé (colonies portugaises, Afrique orientale anglophone et sans oublier l’Algérie en plein conflit).
Macmillan, à droite, en janvier 1960, en compagnie de Mwanawina III, prince zambien.
2. « De nombreux pays de races et de civilisations différentes exprimèrent leur désir d’une existence nationale indépendante. Aujourd’hui se produit la même chose en Afrique. » L’auteur fait allusion au mouvement d’émancipation des peuples colonisés au lendemain de la seconde guerre mondiale. Ce mouvement qui s’est affermi dans l’entre-deux-guerres a débouché sur la proclamation d’indépendance dès la fin de la seconde guerre mondiale, comme en Indochine, avec les Vietminhs d’Ho Chi Minh. Ainsi, plusieurs peuples ont revendiqué rapidement l’application du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, inscrit dans la charte des Nations Unies. On peut citer l’exemple de l’Inde en 1947, où la Ligue musulmane d’Ali Jinnah et le Parti du Congrès de Nehru et de Gandhi ont œuvré pour l’indépendance, effective en août 1947. On peut aussi citer les guerres d’Indonésie et de l’Indochine, qui ont abouti à l’indépendance de ces deux Etats. Pour l’Afrique, quelques exemples sont également possibles : l’indépendance de la Côte de l’Or britannique qui devient le Ghana sous l’impulsion de Patrice N’Krumah en 1957. On peut aussi citer l’indépendance des deux protectorats français d’Afrique du Nord, cédés en 1956, après une répression marquée contre les partisans de l’indépendance (ex : Bourguiba et le parti du Néo-Destour en Tunisie). Autre cas de décolonisation pacifique, celui de l’Afrique noire française où les peuples accèdent à l’indépendance en 1960, après avoir obtenu l’autonomie en 1958 dans le cadre de la Communauté française. Ce combat pour l’«existence nationale indépendante » continue par contre en Algérie avec une guerre initiée depuis le 1er novembre 1954 par l’Armée de Libération nationale. 1960 marque d’ailleurs une inflexion dans la politique des autorités françaises qui, sous l’influence de De Gaulle, finissent par se rendre compte du caractère inéluctable de l’indépendance algérienne.
3. Les trois groupes qui composent le monde, selon Macmillan, sont :
- les démocraties libérales de l’Ouest et leurs alliés (comme l’Afrique du Sud). Le premier ministre britannique les nomme « le monde libre », ce qui est conforme à la façon dont voulait se présenter ce monde occidental dont l’idéologie dominante était le libéralisme, notamment en politique.
- les pays communistes, que Macmillan résume à l’URSS, aux démocraties populaires d’Europe de l’Est et à la Chine, omettant d’autres Etats (Corée du Nord, Cuba, mais aussi le Vietnam).
- un troisième monde non engagé, qui, d’après le texte, regroupe les pays venant d’accéder à l’indépendance en Asie et en Afrique. Il n’utilise pas l’expression Tiers-Monde et ne fait pas référence à leur tentative d’unité (aucune référence à Bandung par exemple). Au contraire, il insiste beaucoup sur leur diversité (premier paragraphe).
4. « A mon avis, la grande question de cette seconde moitié du XXème siècle est de savoir si les peuples émancipés d’Asie et d’Afrique se tourneront vers l’Est ou vers l’Ouest ». L’opposition politique, idéologique, économique entre l’URSS et les EUA (Etats-Unis d’Amérique) structure le monde après 1945. Il existe un bloc de l’Est dominé par l’URSS (communiste, démocratie populaire) et un bloc de l’Ouest dominé par les EUA (libéral et capitaliste). La décolonisation est donc un enjeu de la guerre froide, susceptible de remettre en cause l’équilibre des forces né de la fin de la seconde guerre mondiale. Les 2 Grands veulent intégrer à leur bloc les nouveaux Etats indépendants (70 nouveaux Etats se constituent en Asie et en Afrique entre la fin de la guerre et le milieu des années 70). Pour Mac Millan, cette question est d’autant plus cruciale que la Grande-Bretagne est l’un des acteurs importants du bloc de l’Ouest, l’un des principaux alliés des Américains. Il pense qu’elle a joué un rôle capital en préparant les peuples à l’indépendance (rôle du self-government), ce qui permettrait, selon lui, au bloc de l’Ouest de maintenir son influence sur ces derniers. L’argument n’est pas très convaincant, car certaines anciennes colonies britanniques veulent prendre leur distance avec les deux Blocs, comme l’Inde de Nehru, qui se tourne vers le non-alignement.