Différée d'une semaine suite aux intempéries, la finale régionale du 14ème concours des plaidoiries du Mémorial de Caen a eu lieu cet après midi au Centre d'Histoire de la Résistance et de la
Déportation de Lyon. 10 équipes de lycéens ont été, comme de coutume, sélectionnées par le jury à l'issue d'une première phase écrite (plus de 120 équipes avaient participé au niveau régional).
Parmi elles, on comptait trois équipes de la classe de Terminale S5 qui avait travaillé depuis début septembre, en partenariat avec Monsieur Romier, du comité départemental Loire de l'UNICEF sur
les droits de l'homme.
Les 6 participants à la finale régionale dans la cour du CHRD : Coralie, Inès, Tarek, Valentine, Justine et Sophie, accompagnés par M. Romier de l'UNICEF.
Des élèves très concentrés quelques minutes avant leur passage devant le jury...
Valentine et Justine eurent le redoutable honneur d'être désignées par le sort pour débuter le concours. Leur plaidoirie intitulée "Pour un jeans acheté, des années de souffrances offertes" a permis de dénoncer le travail des enfants dans la confection de ces vêtements. Voici quelques extraits :
"Il nous semble important de rappeler ici deux choses. La première c'est que chaque homme, chaque femme, chaque enfant, sur Terre, a le droit d’être libre et d’être heureux. Selon l'article 32 de la Convention Internationale des Droits de l'Enfant: "Les Etats parties reconnaissent le droit de l'enfant d'être protégé contre l'exploitation économique et de n'être astreint à aucun travail comportant des risques ou de nuire à sa santé, à son développement physique, mental, spirituel, moral ou social.". La seconde chose est que malheureusement la première ne s'applique pas pour tous. Aujourd’hui, on estime en effet qu'il y a 246 millions d'enfants qui travaillent dans le monde. Près des trois quarts d'entre eux (171 millions) travaillent dans des situations ou conditions dangereuses. Dans toutes les situations, les éléments de l'article 32 ne sont jamais respectés. Chacun doit réagir. Réfléchissez !
Ici, les enfants se plaignent d’aller à l’école. D'après eux, c'est « nul » et « ça ne sert à rien ». En réalité, ces enfants, issus de pays riches et développés ont une réelle chance. Eux ont un avenir. Imaginez, vos enfants ou vos futurs enfants! Ceux que vous avez élevés. Ceux que vous avez tant aimés. Pourriez-vous penser un seul instant qu’ils travaillent dans de telles conditions ? Si jeunes, âgés à peine de 10 ans. Tout en sachant en plus que leur travail n’a qu’un débouché, qui n’est autre que la mort. J'en doute! Nous arrivons bientôt dans une période de fêtes, de joie, magique pour certains, où la plupart des gens sont heureux. Il est habituel que des parents offrent des jouets, des vêtements, à leurs enfants. Un pull, un t-shirt de la dernière marque à la mode. Un jean, brut, délavé. Seulement, comme le dit Fred De Bussy: "La beauté nous éloigne souvent de la vérité." J’ai envie dans ce cas d’ajouter « la beauté nous rapproche malheureusement de la triste réalité ».
Prenons une personne tout à fait ignorante à ce sujet. Elle offre à son enfant le dernier jeans à la mode, délavé. Evidemment, il sera heureux de l’avoir. Il sera fier de son nouveau jeans. Mais au final de quoi sera-t-il fier ?"
Valentine et Justine les premières derrière le pupitre ! (photo de M. Romier)
Vint ensuite le tour de Tarek et d'Inès qui s'étaient penchés sur les conditions de vie en Chine, en partant du Prix Nobel décerné il y a quelques semaines à Liu Xiaobo.
17 ans après l’attribution du Nobel de la paix à Nelson Mandela, le militant chinois Liu Xiaobo est récompensé du même prix pour ses activités en faveur des droits de l’homme. Comme son homologue sud-africain, Liu Xiaobo est aujourd’hui en captivité. Considéré comme un criminel par le gouvernement chinois. Ses actes en faveur des droits de l’homme en Chine ne sont pas récents. En 1989 déjà, Liu Xiaobo se signalait par sa participation active pour le développement des droits de l’homme en Chine. Comme lors des manifestations place Tien’anmen. Arrestations, détentions, furent le quotidien de Mr Xiaobo. Il a de lui-même entamé une grève de la faim afin de montrer son soutien envers les manifestants, et de dénoncer la dureté du régime. Puis son parcours prend encore une dimension supplémentaire avec la publication de la Charte 08. Liu Xiaobo est l’un des participants les plus notables à sa rédaction. Signée par quelques 300 intellectuels et activistes chinois, la Charte 08 exige la fin du régime actuel et le respect de l'humain et des droits civils.
Un acte concret, une véritable proposition afin de changer les choses.
En conséquence de cette publication, Liu Xiaobo a été arrêté puis condamné, le 25 décembre 2009, à 11 ans de prison pour « incitation à la subversion du pouvoir de l’Etat ». Cette condamnation est une preuve de plus du mépris qu’accorde la Chine à la liberté d’expression et aux droits de l’homme. La condamnation d’un intellectuel critiquant le régime de son pays est un acte typique des gouvernements dictatoriaux, que la Chine n’hésite pas à utiliser. Suite à l’annonce de la condamnation de Liu Xiaobo, les Nations Unies, ainsi que de nombreuses ONG, ont fait part de leur inquiétude, considérant qu’elle est une nouvelle atteinte à la liberté d’expression. L’union Européenne, les Etats-Unis et la chancelière allemande Angela Merkel ont également condamné fermement cette décision. Mais vous vous en doutez, ces déclarations restent vaines.
Cependant une première
forme de reconnaissance envers les actes de Mr Xiaobo est apparue avec l’attribution du prix Nobel de la Paix en 2010. Le comité Nobel souhaite récompenser ses « efforts durables et non
violents en faveur des droits de l’homme en Chine. ».
lnès et Tarek, très concentrés et très persuasifs ont fait le parallèle entre le prix Nobel décerné il y a presque 20 ans à Nelson Mandela et le même prix attribué à Liu Xiaobo.
L'ensemble des participants bénéficièrent d'un court moment de pause avant d'attaquer la dernière ligne droite. Les élèves de la Terminale S5 en profitèrent pour rester concentrés et soudés, tout en gardant le sourire.
Photographie de M. Romier
En avant dernière position furent appelées Sophie et Coralie, qui avaient nommé leur plaidoirie d'un titre court et évocateur : Ebay Child.
Leur performance, pleine de conviction et de prestance, sut retenir l'attention de l'ensemble de la salle et du jury.
Après les délibérations, le jury rendit son verdict... et à la plus grande joie de tous, Sophie et Coralie reçurent le premier prix de cette finale régionale et participeront à la phase nationale du concours qui se déroulera à Caen, à la fin du mois de janvier. Un succès qui n'aurait sans doute pas été possible sans leur investissement important, leur brio à l'oral, le soutien de leurs camarades mais aussi l'aide de M. Romier de l'UNICEF Loire et enfin l'ensemble du travail de la classe. Un grand bravo à elles et aussi à tous les élèves !