Henri Grouès, devenu Frère Philippe en 1931. A l'âge de 18 ans, renonçant à tout héritage, ce fils de bourgeois entre chez les capucins, séduit par leur vie très pauvre. Il y restera cinq ans (Emmaüs International - Centre des archives du monde du travail de Roubaix). Photo extraite du diaporama du site internet du journal La Croix
L’historien rappelera qu’au-delà de l’homme, son action prolonge tout un pan du catholicisme issu de la Révolution industrielle du XIXe siècle, le catholicisme social. C’est à partir de la fin du XIXe siècle, notamment mais pas exclusivement avec le pontificat de Léon XIII, que l’Eglise catholique se préoccupe des questions sociales. En Première, nous avions étudié les répercussions de cette ouverture aux questions sociales en abordant le texte d’Albert de Mun prononcé à la Bourse du Travail de Saint-Etienne en 1892. Mais si, au XIXe siècle, le sort de l’ouvrier (notamment ses conditions de travail, la nécessité d’un jour de repos, le droit à un salaire juste) était au cœur de la réflexion de certains catholiques et de leur hiérarchie, les prises de position de l’Abbé Pierre concernent depuis les années 1950 des droits liés à notre société contemporaine et qui font débat dans l’opinion, dans la classe politique : le droit à un travail, le droit à un logement. En cela, il faut rappeler que lorsque l’action de l’Abbé Pierre trouve, dans l’hiver 54, un écho médiatique puis politique (il fut élu député sous l’étiquette du MRP, parti représentant les valeurs de la démocratie chrétienne en France), les grandes villes et notamment la banlieue parisienne abritaient de nombreux bidonvilles… une réalité trop souvent occultée par l’histoire de la reconstruction du pays et qui n’a malheureusement pas disparu au début du XXIe siècle. Laissons la liberté à chacun de juger l’homme et son message et concluons avec l’épitaphe que souhaitait voir inscrit l’Abbé Pierre sur sa tombe : « il a essayé d’aimer ».