Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

  • : Le blog Histoiregeoenforce
  • : Blog qui peut être utile pour l'enseignement de l'histoire et de la géographie au lycée et ailleurs...
  • Contact

PREAMBULE

UN BLOG PARMI D'AUTRES POUR FACILITER LES RELATIONS, LES ECHANGES AVEC LES HEUREUX JEUNES GENS QUI ONT LE PLAISIR DE SUPPORTER G. SABATIER QUELQUES HEURES PAR SEMAINE ! QUE LA FORCE SOIT AVEC CEUX QUI CONTRIBUERONT A CE BLOG ET A CELUI QUI TENTERA DE LE FAIRE VIVRE !  POUR QUE TOUS SUIVENT LA ROUTE DE L'HISTOIRE-GEOGRAPHIE

Un bout de chemin ensemble...  (photo personnelle - 2005)

PASSANTS DU BLOG

Archives

14 février 2018 3 14 /02 /février /2018 17:46

Le premier sujet proposé en composition, sur les historiens face aux mémoires d'un conflit, laissait le choix entre deux études de cas. Voici une proposition de plan détaillé pour le choix correspondait aux mémoires de la guerre d'Algérie.

Vous retrouverez également sur le blog deux propositions d'introduction, rédigées par des élèves, lors d'un précédent bac blanc, sur ces sujets. Si elles ne sont pas parfaites (mais qui l'est ?), elles constituent un exemple tout à fait pertinent de ce que l'on peut attendre d'une production d'élève sur une épreuve dont le temps est très limité (2 heures environ sur les 3 de l'épreuve).

 

Introduction

Bien penser à définir les deux termes clés du sujet :" historiens" et surtout "mémoires" en insistant sur leur subjectivité, mais aussi leur pluralité qui peut être source de richesses pour le travail de l'historien mais aussi de difficultés du fait des conflits mémoriels qui restent importants.

Concernant le conflit étudié, il semble aussi pertinent de souligner, dès l'introduction, le fait que deux mémoires officielles sont en jeu, de part et d'autre de la Méditerranée.

I Les historiens confrontés à la mémoire officielle du conflit des deux côtés de la Méditerranée

1. En France : la période de l'oubli officiel ou de l'amnésie organisée (1962-1999)

- les raisons : oublier la défaite et les atteintes au modèle républicain que ce conflit a engendrées

- les modalités : l'absence de commémoration officielle, les lois d'amnistie prises dans l'urgence, mais aussi une censure organisée de manière insidieuse comme pour la projection de la Bataille d'Alger.

- les conséquences : l'accès difficile aux archives pour les historiens, mais aussi les efforts de certains d'entre eux, comme Pierre Vidal-Naquet, pour malgré tout, faire l'histoire de ce conflit.

2. La fin de la guerre sans nom et le renouvellement des champs historiographiques (années 1990 -2000)

- la multiplication des travaux dénonçant cette "guerre sans nom" : documentaires au cinéma, comme le film éponyme de B. Tavernier, la dénonciation de l'amnésie organisée et des actes de cruauté commis par la France par Benjamin Stora (La Gangrène et l'Oubli paru en 1991)

- le tournant de la loi de 1999 : une guerre qui porte enfin son nom. Progressive reconnaissance officielle des événements mettant en cause la République, comme la répression contre la manifestation du 17 octobre 1961, en 2012.

- La guerre d'Algérie : un sujet qui profite des recherches historiques à partir des années 2000 (émergence d'une nouvelle génération d'historien(ne)s comme R. Branche et sa thèse sur la torture, ouverture des archives de l'armée de terre...)

3. En Algérie : une vision de la guerre d'Algérie comme "une révolution sans visage" (B. Stora)

- les raisons : la victoire du FLN, la volonté de mythifier la guerre d'indépendance comme épisode fondateur de la nation algérienne

- les manifestations : le mémorial du martyr à Algérie pour le 20ème anniversaire de l'indépendance, une histoire sous contrôle de l'Etat (dans le cadre scolaire)

- les conséquences pour l'historien : la difficile recherche d'objectivité face au poids de l'histoire officielle, la difficulté d'aborder le rôle de certains groupes d'acteurs du conflit : Pieds Noirs, mais aussi Harkis et aussi nationalistes n'appartenant pas au FLN (comme les messalistes). Progrès toutefois à signaler depuis une dizaine d'années pour incarner, par des figures historiques, la guerre, désormais connues et identifiées par la société algérienne.

 

II Des mémoires multiples et concurrentielles qui émergent, se complètent mais s'affrontent aussi.

1. La concurrence entre les deux mémoires officielles

Les tensions encore fortes entre la France et l'Algérie au sujet de ce conflit, parfois réactivées (2005 et le rôle positif de la colonisation). Difficulté pour les historiens à parvenir à une histoire commune du conflit, susceptible de rejoindre les deux rives de la Méditerranée.

2. L'émergence de différents types de mémoires : de nouvelles sources (témoignages) dont profitent les historiens mais qu'ils doivent prendre avec précaution

- la mémoire des appelés du contingent, réunis en associations comme la FNACA

- la mémoire des Pieds Noirs teintée pour certains de "Nostalgérie".

- la mémoire des Algériens de France qui ont été sollicités de différentes manières dans ce conflit, alors qu'ils se trouvaient en métropole

- la mémoire douloureuse des Harkis considérés comme des traitres et doublement victimes, au vu de l'accueil qu'ils ont reçu en France.

- la mémoire de ceux qui ont soutenu l'indépendance algérienne (engagés politiquement, syndicalement...).

3. Les conséquences pour le travail des historiens

De nouvelles sources, un renouvellement scientifique avec notamment l'histoire des mémoires elle-même qui devient un sujet d'études, mais aussi des conflits (tentatives d'intimidation voire de procès contre des historiens français qui se sont écartés selon certains d'une prétendue réalité historique en donnant trop de place à des groupes particuliers).

 

Conclusion : la guerre d'Algérie est un événement historique majeur de l'histoire du XXe siècle. Son récit s'est considérablement enrichi, même s'il ne fait pas encore consensus entre les deux Etats protagonistes mais aussi à l'intérieur des sociétés concernées. C'est encore un sujet parfois de déchirements et de divisions (par exemple, l'impossible accord  pour trouver une journée de commémoration officielle en France du conflit). Le travail des historiens n'en est que plus nécessaire et "urgent", d'autant que ceux qui ont vécu ce conflit, commencent à être de moins en moins nombreux.

Partager cet article
Repost0

commentaires

HISTOIREGEOCRPE Archives

Les-archives-nationales