« L’affirmation du pouvoir royal en France sous les Capétiens au Moyen-Âge » (question avec deux documents)
Rappels :
- Fournir un travail construit, avec une courte introduction problématisant le sujet et contenant plusieurs parties, avec une conclusion
- Introduire une explication des documents fournis pour enrichir l’analyse mais le travail consiste à répondre à un sujet et non à analyser, pour eux-mêmes,
les documents (dont l’un d’entre eux n’est d’ailleurs pas une source historique).
- Un travail d’histoire sans date n’est pas un travail d’histoire : les repères sont indispensables.
Introduction :
Avec les différentes invasions barbares, l’Occident chrétien a connu un morcellement politique important et un effondrement de l’autorité royale notamment dans le territoire correspondant à
l’ancien royaume franc. Avec l’avènement de la dynastie capétienne à la fin du Xe siècle, l’autorité royale se reconstruit lentement, pendant l’époque médiévale, jusqu’au XVe siècle. Comment
expliquer cette lente reconstruction ? Comment se remarque-t-elle au niveau de l’évolution territoriale du royaume ?
1. Les fondements de la lente restauration de l’autorité royale
Si Hugues Capet est élu, par ses pairs, roi, ses successeurs héritent de leur pouvoir par le sang dynastique. Ainsi, la transmission du pouvoir est fondée sur l’hérédité et non, comme au
départ, sur l’élection du roi par les grands seigneurs. C’est un gage de continuité, d’autant plus que la dynastie capétienne assure une transmission directe du pouvoir d’Hugues Capet jusqu’aux 3
fils de Philippe IV le Bel, c’est à dire jusqu’en 1328. Près de 3 siècles et demi de continuité !
De plus, parallèlement à cette continuité dynastique, s’affirme le poids de l’écrit. A partir du XIIe siècle, une véritable administration royale se met en place et les écrits se multiplient :
les coutumes et les jugements sont consignés et peuvent être archivés.
Enfin, la légitimité du pouvoir royal est assurée par la religion chrétienne : en effet, le roi capétien est un personnage sacré, héritier de Clovis et Charlemagne par la cérémonie du sacre que
rappelle le document 1, une miniature du XIIIe siècle. L’onction réalisée par l’évêque de Reims fait du roi un homme au dessus des autres que Dieu investit d’une mission divine. Elle rappelle
surtout le baptême de Clovis par Rémi, évêque de Reims, plongeant la dynastie capétienne dans un passé lointain rappelant les origines franques du royaume. Avec le couronnement du roi, c’est
l’héritage carolingien qui est rappelé. La couronne de Charlemagne déposée sur le front du roi capétien montre qu’il est aussi l’héritier du grand Empereur.
Miniature représentant la 2ème étape du
sacre : l'onction du saint chrême (rappel du baptême de Clovis)
Grâce à ces trois fondements, le roi va récupérer le système féodal mis en place du fait de l’effondrement de l’autorité laïque. Le roi est le suzerain de tous les suzerains et de tous les
habitants du royaume. Il s’impose progressivement à la tête de la hiérarchie féodale. Il essaye de s’imposer comme le vassal de personne mais le suzerain de tous.
2. Un territoire de plus en plus vaste sur lequel s’exerce l’autorité royale
C’est surtout à partir du XIIe siècle que le domaine royal s’agrandit et qu’à partir de lui, se met en place le royaume de France (dénomination apparaissant sous Louis IX). Les cartes du document
2 permettent de montrer cette évolution, en soulignant que le processus est loin d’être achevé à la mort de Louis IX en 1270. Les annexions se déroulent principalement sous le règne des trois
grands rois capétiens : Philippe II Auguste (1180-1223), Louis IX (1226-1270) et Philippe IV le Bel (1285-1314). Ces annexions se déroulent au moyen d’alliances matrimoniales, par traités
ou par guerres. A son avènement en 1180, Philippe II ne contrôle directement qu'un domaine royal restreint centré sur l'lle de France et l'Orléanais. La plus grande partie des terres du royaume,
de l'Aquitaine à la Normandie, est sous la suzeraineté des Plantagenets, eux-mêmes rois d'Angleterre. Philippe Auguste agrandit le domaine royal : il prend notamment la Normandie au roi
d’Angleterre (à l'issue du terrible siècle de Château Gaillard, en 1204) Avec la victoire de Bouvines en 1214 contre l'empereur germanique et Jean Sans Terre, grâce au soutien des milices
bourgeoises des villes de Picardie, l’élargissement se poursuit. Il profite également d’un différend féodal en se posant en protecteur de l’Eglise pour intervenir en Auvergne et imposer son
autorité sur cette partie du territoire. Sur ses territoires conquis, il renforce partout la présence de l’autorité royale en installant des baillis qui le représentent sur ses terres. Louis IX
poursuit la politique d’annexion, notamment vers le Sud de la France, pour partir en croisade à partir d’un port méditerranéen. Il étend son pouvoir sur le territoire en s’appuyant sur les
villes, en s’appuyant sur les bourgeois contre les seigneurs des villes, et son pouvoir de justice pour légitimer son autorité en dehors de son domaine royal. Philippe Le Bel poursuit
l’œuvre de ses prédécesseurs pour tenter de conquérir les grands fiefs si bien qu’à la veille de la guerre de Cent Ans le domaine royal se confond presque avec le royaume à l’exception de
la Guyenne que la guerre de Cent Ans permettra, à son terme, de finalement acquérir (XVe siècle). Ce conflit permet à la couronne royale in fine d'agrandir le territoire et de l'administrer plus
fortement grâce à l'impôt.
Deux cartes très explicites réalisées par
Alain Houot, collègue d'histoire-géographie sur l'extension du royaume de France au Bas Moyen Âge
CONCLUSION : cette affirmation du pouvoir royal ne peut se comprendre que sur la longue durée car l’émiettement politique et territorial connu par le royaume des Francs devenu progressivement
royaume de France n’a pu se faire que lentement, avec d’autres forces que la seule dynastie capétienne. Elle rencontre aussi des limites : les seigneuries n’ont pas disparu, les communications
sont peu faciles au sein du royaume et l’Eglise exerce toujours une influence importante auprès des populations.