4 mars 2012
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SEMAINE DU 25 FEVRIER AU 2 MARS
Cinglante réponse
L'hommage cinématographique au livre d'Henri Alleg sur les tortures durant la guerre d'Algérie, près de 20 ans après la publication
de l'oeuvre et près de 15 après la fin de la guerre d'Algérie. Une diffusion très rare et à elle seule symbolique : dans la nuit du mardi 28 février au mercredi 29 février, à 2 heures du matin,
sur France 2 !
Quel film audacieux que La Question de Laurent Heynemann, dont l'histoire en dit long sur les rapports des Français avec ce conflit que l'on a surnommé après coup : "La guerre
sans nom". Réalisée en 1976, avec une distribution prestigieuse (Nicole Garcia, Jean-Pierre Sentier par exemple), La Question reprend évidemment le titre de l'ouvrage d'Henri
Alleg sorti en 1958, où l'auteur dénonçait le recours à la torture par l'armée française. Lui-même en fut d'ailleurs l'une des victimes, puisqu'il fut torturé par les forces parachutistes du
général Massu en 1957, à Alger, car favorable à la cause de l'indépendance algérienne et suspecté d'aider les rebelles.
Le film de Laurent Heynemann revient ainsi sur le parcours de ce journaliste français emprisonné et torturé, utilisant un pseudonyme proche : Henri Charlègue. Outre ses qualités intrinsèques, le
film vaut également par son histoire, que la diffusion en pleine nuit un soir de semaine un 29 février vient, hélas, conforter. En effet, lors de sa sortie, en 1977, il fut interdit aux moins de
18 ans, ravalé au même niveau qu'une production pornographique, du fait des scènes de torture qui y étaient présentés. Pire, le film resta très peu à l'affiche, comme d'ailleurs, pendant très
longtemps et encore aujourd'hui, les oeuvres abordant la guerre d'Algérie, puisque sa diffusion sur les écrans français fut souvent l'occasion de troubles et de menaces à l'endroit des cinémas
qui le distribuaient.
On peut retrouver sur le site de l'INA une très intéressante interview dans une émission populaire du dimanche, animée (déjà) par un certain Michel Drucker, du réalisateur et de son mentor, un certain Bertrand
Tavernier, lui même, bien plus tard, réalisateur de La Guerre sans nom. Trente-cinq ans après, la télévision publique française s'honore par la diffusion de ce film courageux et
injustement oublié. Mais qui sera à 2 heures du matin derrière son écran pour découvrir La Question ? La réponse est sans doute déjà donnée à travers les lignes qui
précèdent.