15 mai 2011
7
15
/05
/mai
/2011
13:40
SEMAINE DU 7 AU 13 MAI
Fin de l'alphabet
Parlons politique cette semaine ! Avec un an d'avance, les chaînes de télévision se lancent à l'assaut de la présidentielle...
pour revenir trente ans en arrière, en 1981. Osons aller encore plus loin, sur France 2, pour découvrir un film à charge contre le pouvoir dans ce qu'il peut avoir de plus arbitraire et
tyrannique : ne ratez pas Z ! mais pas comme Zorro hélas !
Au coeur d'une semaine dominée par la commémoration du trentième anniversaire de l'arrivée d'un
président de la République de gauche à la tête de l'Etat français, où se multiplient documentaires, docu-fiction et même film de fiction (le très bon Promeneur du
Champ-de-Mars de Robert Guédiguian, lundi 9 mai à 20 heures 40 sur Arte), nous prendrons garde à succomber aux sirènes du pouvoir ! D'ailleurs, la diffusion de Z, de
Constantin Costa-Gavras, dans la nuit du 10 au 11 mai sur France 2 à partir de 1 heure 15, nous dissuadera à elle seule d'être trop proche des décisions politiques. Nous avons déjà eu l'occasion
d'évoquer, il n'y a pas si longtemps, les films engagés de ce
réalisateur. Z, réalisé en 1969 juste avant L'Aveu, s'inscrit tout à fait dans cette lignée. Dans un pays du bassin méditerranéen, qui pourrait rappeler la Grèce de la
dictature des colonels, un député réclamant plus de libertés et de démocratie (Yves Montand) est assassiné. Le juge chargé de l'enquête (Jean-Louis Trintignant) découvre que derrière ce coup de
main, plane l'ombre de l'armée et de la police et donc du gouvernement. Pour ne pas duper
les spectateurs sur ses intentions, Costa-Gavras prit soin au début de son film de faire figurer cet avertissement éloquent : "Toute ressemblance avec des événements réels, des personnes
mortes ou vivantes n'est pas le fait du hasard. Elle est VOLONTAIRE."
Le scénario, écrit avec le grand Jorge Semprun, lui-même pourfendeur du franquisme, était basé sur le
livre éponyme de Vassilis Vassilikos, racontant l'assassinat en 1963 d'un leader de la gauche démocrate, Gregoris Lambrakis. Interrogé sur son style de cinéma très particulier, Costa-Gavras
répondait à la fin des années 60 : "On ne va pas au cinéma pour entendre des discours, mais pour assister à un spectacle (...) mais le spectacle ne doit pas être vide de sens. Mes films
reposent sur un suspense éthique : savoir ce qu'est la vérité."