5 décembre 2011
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SEMAINE DU 26 NOVEMBRE AU 2 DECEMBRE
Dimanche félin et fellinien
Un des plus grands films italiens, une fresque historique sur la formation de l'unité italienne au XIXe siècle, vue à l'échelle des hommes
et d'un prince, Burt Lancaster, qui voit son neveu, Alain Delon, suivre le mouvement d'un siècle qui lui échappe. Ne ratez pas Le Guépard de Luchino Visconti sur Arte, dimanche
27 novembre à partir de 20 heures 40, ne serait-ce que pour voir le visage de Tancrède se refléter dans le miroir de son oncle en train de se raser !
C'est une véritable célébration du cinéma italien à laquelle se livrent Arte et France 3 ce dimanche 27
novembre, en diffusant respectivement Le Guépard de Luchino Visconti et le Casanova de Fellini, à partir de 0 heure 15. Oeuvres magistrales, ces deux films viennent nous rappeler combien le cinéma italien dans les années 60 et 70
illuminait la production européenne, avant une période sombre dans les années 80 et surtout 90.
Tant de choses ont été dites et écrites sur Le Guépard de Visconti, servi par une
distribution internationale, de l'Américain Lancaster, en passant par la jeune italienne Claudia Cardinale, sans oublier le séduisant Alain Delon, acteur immense à cette époque, ainsi que le
"petit" rôle du comédien chanteur Serge Reggiani, parfait en serviteur non servile du prince Salina ! Adapté du roman éponyme de Guiseppe Tomasi di Lampedusa, Le Guépard de
Visconti, film de plus de 3 heures, se permet de consacrer presque un tiers de sa durée à une seule scène, celle grandiose du bal en l'honneur de Tancrède et d'Angélica. C'est la scène où la
flambeau se transmet entre l'aristocrate sicilien et son neveu, qui a vu dans l'unité italienne, une formidable occasion de s'allier à la bourgeoisie pour conserver, malgré tout, le pouvoir. Le
débarquement des forces de Garibaldi en Sicile, en 1860, qui veulent l'unité de l'Italie, ébranle un monde assoupi dans ses traditions et ses petites habitudes (la fréquentation des femmes de
petite vertu le soir venu par les plus puissants...sous le regard faussement réprobateur de jésuites au fond très jésuitiques) mais aussi très attaché à ses privilèges (les scènes de chasse entre
le prince et son "valet").
Cette scène du bal est un magnifique moment de cinéma, où tombent les masques : le père d'Angélica,
Don Calogero, bourgeois fasciné par le luxe de l'aristocratie, avide d'argent, admirant les dorures de la maison princière pour mieux se lamenter sur la hausse du cours de l'or, Tancrède
n'arborant plus son oeil bandé de révolutionnaire, blessure récoltée suite à de prétendus combats contre les partisans des Bourbons, alors maîtres de l'île, étalant aux bras de sa promise toute
l'arrogance et les certitudes de la jeunesse et bien sûr le prince Salina, vieillissant en une soirée d'une génération, voyant "son" monde disparaître, avec lucidité et amertume. Perfide, il
lance, alors qu'il contemple les jeunes filles de l'aristocratie invitées au bal et qui font partie de "sa" famille : "la fréquence des mariages entre cousins ne favorise pas la beauté de la
race. On dirait une bande de jeunes guenons (...)". Résigné, il constate un peu plus tôt dans le film, alors qu'on vient le solliciter pour devenir sénateur de la nouvelle Italie après le
changement engendré par la révolution de Garibaldi, l'une des répliques les plus célèbres du cinéma : "Nous étions les lions et les guépards, ceux qui nous remplaceront seront les chacals et
les hyènes...". Par qui ces animaux peu sympathiques ont-ils été aujourd'hui remplacés ?