Voici quelques pistes pour la correction du devoir de lundi dernier des Premières ES2, sur le chapitre 2 d'histoire, Colonisation et Décolonisation.
Consignes : Après avoir replacé ce document dans son contexte historique, montrez quelle image ils donnent de la présence française en Algérie. Mettez enfin en évidence les limites de ce document pour appréhender objectivement la réalité de la colonisation.
Dans les années 1930, l’Empire colonial français est à son apogée : 12 millions de km2 et 60 millions d’hommes. Parmi toutes les colonies, l’Algérie a une place particulière et le document proposé célèbre, à sa façon, en 1930, le centenaire de sa colonisation. Ce dernier est une affiche du parti communiste français qui est une force politique anticolonialiste, qui s’oppose également, par exemple, à la même époque, à l’exposition coloniale de Vincennes qui se déroule en 1931. Dans les colonies, durant l’entre-deux-guerres, ont éclaté déjà des révoltes (Maroc, Indochine...) contre le colonisateur mais l’idée d’accorder l’indépendance à cette époque paraît inconcevable, notamment pour les autorités françaises.
Le document renvoie une image très négative de la présence française en Algérie, à la fois par le texte, notamment le slogan « 100 ans de domination française » que par l’image. En effet, l’affiche dénonce l’exploitation du peuple algérien par les Français. Au centre, coupant l’image en 2 parties distinctes, sur un poteau, on trouve un Algérien enchaîné, qui évoque la violence faite aux indigènes par les Français. Aux pieds de cet homme prisonnier, se trouvent toutes les richesses et ressources du territoire algérien : matières premières comme le pétrole, minerais comme le zinc, le cuivre, le fer mais aussi ressources agricoles (vin, fruits, bétail). C’est une manière de rappeler que l’Algérie dispose de richesses importantes mais qui sont confisquées par le colonisateur, prêtes à être expédiées vers la métropole. Cette exploitation se fait également au mépris des droits de l’homme (homme enchaîné) et sans doute peut-on y voir une dénonciation du travail forcé, signe d’une véritable exploitation économique de la part des colons, qui était une réalité dans de nombreuses parties de l’Empire français (voir par exemple le témoignage d’Albert Londres dans Terre d’ébène sur l’Afrique noire). La partie centrale du document, par l’opposition entre deux paysages algériens, renforce la dénonciation du colonialisme. D’un côté on voit un village écrasé par le soleil, devant lequel travaille un Algérien courbé, tout occupé à sa tâche, creusant des sillons dans la terre avec un araire tracté par un animal. Ce manque de moyens est appuyé par le texte au dessus : « aux uns, la misère... ». A l’inverse, à droite de l’affiche, apparaît un luxueux bâtiment surmonté d’un drapeau français devant lequel des personnes conversent, confortablement installées sur des chaises longues. Au dessus, la suite du texte : « ...aux autres la richesse ! ». Le document par ce jeu d’opposition met en scène la théorie communiste de la lutte des classes opposant des exploités (ici le peuple algérien) à des exploiteurs (les colons français) qui ne font rien (riches oisifs) mais profitent du travail des autres. Dès lors, le texte en bas de l’affiche s’impose comme une logique conclusion : c’est un appel à lutter pour l’indépendance des colonies et donc de l’Algérie, au nom des principes communistes, soutenus par le parti communiste et le syndicat de la CGTU (Confédération générale du travail unifiée).
Ce document offre toutefois plusieurs limites pour connaître la réalité de la colonisation. Il propose une vision très politique de celle-ci en veillant à n’en montrer que les aspects les plus négatifs et les plus condamnables, pour servir évidemment son message. Il ne montre pas les éventuels « aspects positifs » de la présence française en Algérie. C’est aussi un point de vue européen sur ce phénomène (d’ailleurs minoritaire à l’époque) et si le peuple algérien est bien représenté dans ce document, il ne l’est que par l’image, sans que l’on puisse connaître réellement sa position par rapport au fait colonial.