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Un bout de chemin ensemble...  (photo personnelle - 2005)

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29 mars 2014 6 29 /03 /mars /2014 21:51
SEMAINE DU 29 MARS AU 4 AVRIL 

 

   Mauvais sang 

Lorsque un cinéaste de renom se lance dans l'adaptation d'un des plus fameux best-steller du genre fantastique, cela donne Dracula de Bram Stocker par Francis Ford Coppola. Une oeuvre deux fois majeure ! 

 

Arte a fait le choix de nous plonger dans un bain d'hémoglobine ce lundi 31 mars avec une diffusion de Dracula, réalisé il y a une vingtaine d'années par Francis Ford Coppola, à partir de 20 heures 45. On trouvera facilement sur des sites de partage vidéo la bande annonce du film qui en donnera la teneur et mettra en valeur la prestigieuse distribution (Gary Oldman, Anthony Hopkins, Keanu Reeves mais aussi et surtout Wynona Rider dans un double rôle). Comme le montrent le début et la fin de cette bande annonce, le film de Coppola est d'abord et avant tout la mise en images du roman de Bram Stocker, ce que rappelle son titre original. 

 

Pourtant, derrière la modestie apparente du cinéaste, l'objectif est beaucoup plus qu'une plate illustration d'un roman phare de la littérature fantastique. Son parti pris, justifié par l'exploitation déjà importante de la figure du célèbre vampire au cinéma, est de privilégier la dimension sentimentale et tragique du récit en présentant l'épopée sanguinolente de Dracula comme un moyen de (re)conquête de sa bien aimée, Elisabeta (Winona Ryder), qu'il croit reconnaître, des siècles après, à travers le visage de Mona (également interprété par W. Ryder). Mais Coppola nous ballade à travers l'histoire et aussi à travers l'art, passant du XVe siècle à la fin du XIXe siècle, en nous perdant dans des décors d'inspiration gothique, baroque, romantique... pour finir par nous faire revivre les premiers pas du cinéma, art auquel il rend aussi hommage.

 

Dracula, malgré une débauche, parfois un peu tape-à-l'oeil, de décors et d'effets spéciaux, et qui l'éloigne diamétralement des Nosferatu de Murnau ou Herzog,  est d'abord une oeuvre d'une très forte puissance visuelle. Contrairement aux deux films évoqués précédemment, Coppola ne recherche pas la suggestion mais plutôt l'emphase et la représentation symbolique (voir notamment la présence d'un loup blanc pour certaines scènes-clé). En cela, il utilise ce que le cinéma peut apporter de plus à la littérature : la force de l'image qui hante longtemps l'esprit des personnages... et des spectateurs. 

Jeu d'amour, de séduction et de mort... Le Dracula de Coppola ne recule devant rien, surtout pas devant les assauts répétés de Gary Oldman envers sa proie, la belle Winona Ryder.

Jeu d'amour, de séduction et de mort... Le Dracula de Coppola ne recule devant rien, surtout pas devant les assauts répétés de Gary Oldman envers sa proie, la belle Winona Ryder.

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28 mars 2014 5 28 /03 /mars /2014 20:37

Dans le cadre d'un cours sur les idéologies défendues par les régimes totalitaires, les élèves de Première S5 étaient invités à réfléchir sur les fondements du stalinisme et du nazisme en partant de 2 documents. 

 

Le premier document était la couverture d'une brochure de l'exposition Musique dégénérée, réalisée en 1938 par Hans Severus Ziegler, à Francfort sur le Main. Parmi les clés d'analyse de ce document, la cité de la musique de Paris précise que, dans ce document, "le musicien représenté sur la couverture de la brochure (signée Hans Severus Ziegler) est inspiré de l'opéra-jazz à  succès Jonny spielt auf (« Jonny mène la danse ») d'Ernst Krenek. Il illustre la « dégénérescence raciale » définie par les nazis et l'idée selon laquelle « le Juif a du sang de nègre ». Quant au saxophone, il symbolise le jazz, musique « dégénérée » par excellence."

Le deuxième document était la reproduction d'un tableau du peintre Gerhard Keil intitulé Les Gymnastes, réalisé en 1939. 

 

A partir de l'analyse des deux documents, les élèves devaient montrer en quoi ces documents reflétaient la conception raciale du régime nazi. 

L'analyse couplée de documents n'est pas chose aisée car elle requiert trois qualités essentielles : 

- il s'agit d'avoir une bonne connaissance de la période étudiée pour éviter les erreurs d'interprétation et bien remettre les sources dans leur contexte. 

- elle demande à réellement confronter les documents et de ne pas se limiter à en faire une analyse linéaire, document après document. 

- enfin, elle exige des élèves de s'adapter à une consigne donnée, le but n'étant pas d'étudier le document par lui-même mais de le faire à partir de consignes bien précises. 

 

Ainsi, pour progresser dans l'étude de documents, une pratique intéressante consiste à organiser le travail de la classe en plusieurs étapes : la première, indispensable, repose sur une réflexion personnelle de chaque élève qui essaye en une vingtaine de minutes de produire un premier texte, chacun avançant à son rythme et apportant sa propre lecture des documents. Ensuite, un temps d'échanges avec un ou plusieurs autres camarades sert à enrichir le travail, à le compléter, à le corriger éventuellement. Dans ce cas, la tâche était de surcroît compliquée par le fait que les élèves devaient enrichir non pas une étude de documents mais deux (une sur le nazisme et l'autre sur le stalinisme). 

Voici un exemple de productions d'élèves à "plusieurs mains". 

Le travail de Brice (en bleu) repris et amélioré en collaboration avec Nassera et Corentin (texte en noir) et annoté par le professeur (rouge).
Le travail de Brice (en bleu) repris et amélioré en collaboration avec Nassera et Corentin (texte en noir) et annoté par le professeur (rouge).

Le travail de Brice (en bleu) repris et amélioré en collaboration avec Nassera et Corentin (texte en noir) et annoté par le professeur (rouge).

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24 mars 2014 1 24 /03 /mars /2014 00:38
SEMAINE DU 22 AU 28 MARS 

 

   Coup de corps 

Les films de Claude Miller sont souvent marqués par l'obsession du passé, comme Dites lui que je l'aime, sans doute son chef d'oeuvre. Il en va de même avec cette adaptation d'un roman de Philippe Grimbert, Un secret, où surgit également le spectre de l'Histoire et de la mémoire de la Shoah.   

 

Diffusé ce jeudi 27 mars par France 3 à 20 heures 45, Un secret de Claude Miller est considéré par les critiques comme une bonne adaptation d'un roman publié quelques années plus tôt par Philippe Grimbert et qui avait obtenu un incontestable succès, notamment auprès du jeune public, puisqu'il fut lauréat du Prix Goncourt des Lycéens en 2004. 

 

Roman quasi autobiographique, il narre l'histoire de François Grimbert, jeune enfant fragile, protégé par un couple de parents aimants, persuadé d'avoir un frère beaucoup plus fort et robuste que lui, qui est si éloigné par sa morphologie et par son tempérament de ses athlétiques parents, Maxime (Patrick Bruel) et Tania (Cécile de France). 

Comme l'indique le titre, cet enfant, devenu adolescent, finira par percer le coffre fort d'une histoire familiale encore bien plus douloureuse qu'il l'imaginait. 

 

Adapter au cinéma un roman aussi fort et poignant, récent de surcroît, n'est jamais chose simple. L'histoire écrite par le psychanalyse Philippe Grimbert était déjà d'une très forte intensité, la mettre en images pouvait conduire à l'édulcorer ou à verser dans un cinéma démonstratif souvent écoeurant surtout lorsque l'on aborde certaines parties de l'histoire (voir La Rafle par exemple). 

La force du film de Claude Miller repose sur le fait d'avoir choisi un véritable parti-pris qu'il avait d'ailleurs brillamment exploré dans un film précédent, La petite Lili, celui de suivre les corps de ses personnages pour mieux nous permettre de sentir leurs tourments et sentiments. C'est incontestablement la plus-value du film par rapport au roman qui vise évidemment avant tout la psychologie. 

Du corps parfait de la nageuse Tania, du corps sculpté du père Maxime, à celui qui, à l'inverse, s'éteint peu à peu jusqu'à disparaître d'Hannah (Ludivine Sagnier) en passant par celui fétiche et comme noué du jeune François, toute la mise en scène permet, au sens propre du terme, d'incarner l'intrigue et de révéler le terrible secret qui donne son titre au film. 


Symboliquement, la révélation viendra d'ailleurs d'un personnage lui-même marqué par son enveloppe corporelle, la voisine et amie, Louise, interprétée par Julie Depardieu, confirmant ainsi l'adage selon lequel que, contrairement aux mots, les corps ne mentent jamais. 

 
Pire que la nostalgie, le sentiment de la perte né d'un souvenir enfoui... Ouvrir une porte sur le passé n'est jamais anodin. La preuve avec ce Secret de Claude Miller !

Pire que la nostalgie, le sentiment de la perte né d'un souvenir enfoui... Ouvrir une porte sur le passé n'est jamais anodin. La preuve avec ce Secret de Claude Miller !

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18 mars 2014 2 18 /03 /mars /2014 09:45

Dans le cadre de l'étude de la Première Guerre Mondiale et de l'expérience combattante,  les élèves de Première S5 ont été invités à réfléchir par groupes sur la bataille de Verdun, qui fut l'une des plus emblématiques de ce conflit et qui continue à marquer durablement la mémoire collective. 

 

Voici le fruit de leur travail : certains groupes devaient, à partir d'un corpus documentaire varié, réfléchir sur les traumatismes moraux et physiques vécus par les combattants ainsi que les différentes conséquences humaines de ce conflit. D'autres groupes travaillaient, de manière identique, sur la puissance meurtière développée lors de cette bataille très longue (février à décembre 1916) et sur le rôle de l'industrie et de la science dans cette nouvelle puissance de feu que durent essuyer les soldats des différentes armées. 

 

Les travaux de Nassera, Jérémi, Camille G. et Amine sur le traumatisme moral et physique des combattants et celui de Léa, Anthony, Tina et Honorine sur la puissance meurtrière développée pendant cette bataille.
Les travaux de Nassera, Jérémi, Camille G. et Amine sur le traumatisme moral et physique des combattants et celui de Léa, Anthony, Tina et Honorine sur la puissance meurtrière développée pendant cette bataille.
Les travaux de Nassera, Jérémi, Camille G. et Amine sur le traumatisme moral et physique des combattants et celui de Léa, Anthony, Tina et Honorine sur la puissance meurtrière développée pendant cette bataille.

Les travaux de Nassera, Jérémi, Camille G. et Amine sur le traumatisme moral et physique des combattants et celui de Léa, Anthony, Tina et Honorine sur la puissance meurtrière développée pendant cette bataille.

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15 mars 2014 6 15 /03 /mars /2014 15:47
SEMAINE DU 15 AU 21 MARS 

 

 Que la montagne est belle... 

Le très beau et émouvant Secret de Brokeback Mountain d'Ang Lee sera diffusé sur Chérie 25 jeudi 20 mars à partir de 20 heures 45. Un grand bol d'air frais ? Pas si sûr..

Secret_de_Brokeback_Mountain_2004_Brokeback_Mountain_13.jpg
 
Adapté d'une nouvelle d'Annie Prouix (Brokeback Mountain) sortie en 1999, le film d'Ang Lee rencontra à sa sortie en 2005 un succès important, d'autant plus mérité qu'il affronte sans pincette l'homosexualité masculine dans un univers de mâles endurcis, celui des cowboys plongés dans les paysages somptueux du Wyoming.
 
Narrer sur une vingtaine d'années les relations entre deux gardiens de moutons dans l'Etat des Etats-Unis le moins peuplé et peut-être le plus conservateur qui soit, entre Grandes Plaines et Rocheuses, tel est le pari réussi du film d'Ang Lee. 
 
Le géographe y trouvera son plaisir mais il s'effacera vite derrière celui du spectateur qui  suivra avec passion le destin compliqué des deux héros vers un amour impossible. Très vite Brokeback Mountain devient un impossible refuge dans l'espace et dans le temps de deux existences menacées d'être happées par les conventions et les normes sociales. Une sorte de parenthèse enchantée qu'il faut conquérir de haute lutte et dont le charme si fragile peut à tout moment disparaître.
 
Comme tout bon secret, Brokeback Moutain est, tel un agneau égaré, pas si facile à bien garder...
Un film d'hommes et d'amour au milieu des montagnes américaines, avec Jack Gyllenhaal et Heath Ledger, le très grand acteur disparu trop tôt...

Un film d'hommes et d'amour au milieu des montagnes américaines, avec Jack Gyllenhaal et Heath Ledger, le très grand acteur disparu trop tôt...

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7 mars 2014 5 07 /03 /mars /2014 22:38
SEMAINE DU 8 AU 14 MARS 

 

 Tranchant

Séance de rattrapage sur Arte, ce jeudi 13 mars, à 13 heures 35 avec Les Sentiers de la gloire de Kubrick ou l'évocation sans concession de la guerre vue à travers ceux qui la font et ceux qui la font faire aux autres. 

 

Film incontournable et célébrissime, Les Sentiers de la gloire de Stanley Kubrick reste une référence cinématographique absolue pour aborder la Première Guerre Mondiale mais aussi tout type de conflit. Il a d'ailleurs bien des points communs avec l'autre film de guerre tourné par Kubrick, trente ans plus tard, en 1987, Full Metal Jacket

 

On parle souvent de la difficulté des Français à regarder en face leur histoire, notamment celle de la Seconde Guerre Mondiale et de la guerre d'Algérie, deux conflits qui entrainèrent ensuite dans l'hexagone, et encore aujourd'hui, une véritable guerre des mémoires. C'est oublié qu'il en fut aussi de même avec la Première Guerre mondiale, alors même que la France en sortit victorieuse. En effet, le film de Kubrick resta près de 20 ans sans être projeté en France. Il fallut attendre 1975 pour qu'un distributeur daigne le faire sortir sur les écrans français, alors qu'il avait été projeté à Broadway pour la Noël 1957 et même à Munich, le mois suivant ! 

 

Sans chercher une quelconque reconstitution historique en bonne et due forme, Les Sentiers de la Gloire s'inspire néanmoins de faits réels concernant des soldats français ayant été jugés pendant le conflit par des conseils de guerre pour s'être mutinés. Le but de Kubrick fut aussi d'opposer le monde des tranchées à celui des officiers privilégiés faisant la guerre depuis un château, à l'arrière du Front. Entre ces deux mondes, rappelant quasiment, dans une approche marxiste, une véritable lutte des classes, navigue le héros du film, le colonel Dax, interprété par Kirk Douglas, lui aussi victime de l'intransigeance du pouvoir qui veut des exemples. 

 

On comprend donc pourquoi, sans que le gouvernement censure officiellement le film, Les Sentiers de la Gloire fut victime d'une "auto-censure" de la part des distributeurs de films en France. Les "mutins" furent, en effet, longtemps et de manière aussi complaisante que réductrice,  considérés comme des traites à leur patrie. Il fallut attendre la fin du XXe siècle pour que la mémoire officielle, en France, les réhabilite, sous décision du gouvernement Jospin. 

Pendant la Première Guerre mondiale, environ 2500 soldats français auraient été ainsi condamnés à mort par les conseils de guerre, ce qui constitue une part infime des hommes ayant vécu cette expérience combattante d'une durée et d'une brutalité sans précédent (plus de 8 millions de soldats âgés de 17 à 48 ans furent enrôlés). Sur ces 2500 soldats, environ 600 furent fusillés "pour l'exemple" sous différents motifs : abandons de poste, mutilations volontaires (ce qu'évoque notamment le film de Jeunet Un long dimanche de fiançailles), refus d'obéissance au commandement... Le chiffre peut  être rapporté à celui de l'Angleterre où un seul soldat fut fusillé dans des circonstances identiques et à celui de l'Italie, qui détiendrait le record avec 2800 soldats fusillés. 

 

Plus qu'un film sur la justice militaire et ses excès, Les Sentiers de la Gloire, par son épilogue d'une rare intensité, qui contribua certainement à son succès international, se présente aussi comme une ode à la paix et à la réconciliation des peuples. L'année de sa sortie correspond d'ailleurs de manière très symbolique aux débuts de la construction européenne. 

Le colonel Dax (Kirk Douglas), le dernier homme d'une guerre devenue inhumaine où la raison d'Etat et la violence du pouvoir écrasent les soldats... Les Sentiers de la Gloire, le film d'un jeune cinéaste britannique, Stanley Kubrick, dénonçant les impasses du patriotisme aveugle !

Le colonel Dax (Kirk Douglas), le dernier homme d'une guerre devenue inhumaine où la raison d'Etat et la violence du pouvoir écrasent les soldats... Les Sentiers de la Gloire, le film d'un jeune cinéaste britannique, Stanley Kubrick, dénonçant les impasses du patriotisme aveugle !

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28 février 2014 5 28 /02 /février /2014 12:38
SEMAINE DU 1er AU 7 MARS 

 

 Identité (inter)nationale

France 4 a soigné, pour une fois, sa programmation cinéma, en diffusant, mercredi 5 mars à partir de 20 heures 45, le très bon film de Michel Leclerc, Le nom des Gens. Avec dans le rôle du personnage principal, un certain Arthur Martin.... dis-moi comment tu t'appelles et je te dirai vraiment qui tu es ?

 

Alors qu'en France faisait rage depuis 2009 des débats plus ou moins inspirés sur l'identité nationale, le cinéaste Michel Leclerc tournait et sortait l'année suivante une comédie enlevée, très drôle et parfois émouvante, intitulée Le nom des gensSara Forestier (lauréate du César de la meilleure comédienne pour l'occasion) et Jacques Gamblin en assuraient une réussite, tant publique que critique. 

 

La trame du film pourrait être résumée de la manière la plus simple : savoir passer au-delà des préjugés. Dans ce domaine, Michel Leclerc a le mérite de ne pas susciter le rire de manière caricaturale et passagère comme le fit à peu près au même moment Etienne Chatillez avec Agathe Cléry, comédie ratée. Il eut aussi l'audace de s'attaquer à des thématiques sociales quelque peu glissantes comme l'antisémitisme, les origines ethniques, voire la pédophilie. 

Le film tourne autour de l'opposition supposée entre deux êtres, voire deux familles : d'un côté, Bahia Benhamoud (Sara Forestier) qui a fait de l'engagement politique à gauche toute, le moteur de toute sa vie, y compris la plus intime; de l'autre, Arthur Martin (Jacques Gamblin), un discret quadragénaire, peu sensible à la prise de risques et aux envolées politiques les passionnées. L'une se revendique "arabe", l'autre a du mal à affirmer qu'il est "juif", surtout en famille (grandiose scène de repas où Arthur présente Bahia à ses parents). 

 

Film volontiers autobiographique, politiquement engagé à gauche (il faut voir comment Sara présente à Arthur son album d'aventures amoureuses destinées à remettre dans le bon chemin les égarés de droite, dont un responsable de la jeunesse UMP du Pas-de-Calais "retourné" à ses moutons), Le nom des gens flirte, parfois avec la caricature, mais parvient à l'éviter du fait de l'engagement total de ses interprètes et surtout de l'habilité du scénario, qui permet de glisser imperceptiblement du discours sur l'engagement politique à celui sur l'identité de chacun, en ayant recours à un humour jouissif, évitant le côté donneur de leçons (très belle réplique : « Quand on commence à se méfier des canards, c’est très mauvais signe ! »). C'est ainsi que le titre du film prend tout son sens car il est, au final, bel et bien question de transmission et d'héritage, tant au niveau social que familial. Le nom que l'on transmet à son enfant est, en effet, plus qu'un assemblage de lettres.

 

Voir Le nom des gens quelques heures avant la naissance de son propre enfant, en se préparant, sans le savoir, à une inoubliable nuit blanche, restera, pour ma part, une expérience intense. 

Mariage blanc en noir et blanc pour une comédie qui ne donne pas grise mine...

Mariage blanc en noir et blanc pour une comédie qui ne donne pas grise mine...

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21 février 2014 5 21 /02 /février /2014 15:24
SEMAINE DU 22 AU 28 FEVRIER 

 

 De guerre lasse

Arte a manifestement décidé de prendre de l'avance pour la commémoration du centenaire du début de la Première Guerre Mondiale, puisqu'à nouveau, elle consacre sa programmation du lundi 24 février à deux films évoquant de manière fort éloignée mais finalement complémentaire ce conflit. Ainsi, après Capitaine Conan de Tavernier, c'est le chef d'oeuvre absolu de Dalton Trumbo Johnny got his gun (traduit en français par Johnny s'en-va-t-en guerre) qui sera diffusé à partir de 23 heures.  

 

D'abord roman publié à la veille de la Seconde Guerre mondiale, Johnny s'en va-t-en-guerre fut porté bien des années plus tard, après sa rédécouverte dans les années 1960 par son auteur, l'écrivain et scénariste américain, Dalton Trumbo. La vie de ce dernier est une véritable odyssée contre la bêtise humaine et aussi la bêtise d'Etat puisqu'il fut l'une des victimes majeures du sinistrisme maccarthysme qui frappa les Etats-Unis dans les années 1950. 

 

Pourtant, après ce sinistre épisode, bien des années plus tard, Trumbo décida, après quelques tumultes financiers, d'adapter lui-même son roman, dont la Première Guerre mondiale constituait la toile de fond. Ce fut son seul et unique film, alors qu'il avait déjà remporté dans le monde du cinéma des succès importants avec notamment le scénario du "peplum" de Kubrick, Spartacus ou encore celui de Papillon ou Exodus. Contrairement à ce que laisse penser le titre, le film nous présente un retour à la guerre pour un jeune garçon, Joe Bonham, dont l'enveloppe charnelle se limite à un seul tronc avec une tête (masquée) après avoir essuyé le feu au Front. 

 

Cloué dans un lit, sans rien entendre, voir et sentir, Joe Bonham revit pourtant, au fil de flash-backs poignants, les meilleurs moments de son existence. Véritable mort-vivant, il n'a qu'une obsession, pouvoir quitter le monde qui l'a réduit à cet état végétatif, au refus de ceux qui sont autour de lui et le scrutent comme un pestiféré. Ainsi, le passé devient-il, pour lui, le seul refuge, ce que le réalisateur montre en filmant les scènes avec des couleurs éclatantes, pour mieux les opposer au noir et blanc des scènes filmées à l'hôpital. Si Johnny est un bien triste miraculé, la guerre a fait de lui une sorte de cauchemar vivant, condamné à habiter un corps mutilé et ravagé, qui est son enfermement. 

 

Véritable pamphlet contre la guerre, Johnny s'en-va-t-en guerre a précédé de loin beaucoup d'autres films dénonçant la violence des conflits mais à hauteur d'homme. S'il n'est nullement le premier film pacifiste à prendre la première guerre mondiale comme objet, il est incontestablement de ceux qui utilisèrent tous les procédés de mise en scène cinématographique (cadrages, choix des couleurs, alternance du montage...) pour mettre en images son combat. Venant d'un homme de lettres la prouesse n'en est que plus remarquable.

Lorsqu'un romancier et scénariste passe du poids des mots à celui des images, cela donne un seul film inoubliable sur les horreurs de la guerre...

Lorsqu'un romancier et scénariste passe du poids des mots à celui des images, cela donne un seul film inoubliable sur les horreurs de la guerre...

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15 février 2014 6 15 /02 /février /2014 15:38
SEMAINE DU 15 AU 21 FEVRIER 

 

 Pour ceux qui n'en auraient plus... 

Film mythique diffusé et archidiffusé, La Grande Illusion de Renoir nous donne à voir une image complètement anachronique de la Guerre de 1914-1918 mais on en dit beaucoup sur son époque. C'est le propre des grandes oeuvres du cinéma. Merci à Arte de nous l'offrir à une heure de grande écoute.

 

 J'ai un souvenir assez net d'avoir vu, enfant, La Grande Illusion de Renoir... Avant de le revoir, adulte, d'en étudier des extraits avec mes élèves de troisième ou de première, je me souvenais de prisonniers dans un château allemand avec un personnage très raide au monocle comme dans Tintin, d'un souterrain que l'on construisait à la petite cuillère, d'évadés qui trouvaient refuge à la campagne auprès d'une paysane allemande chaleureuse, d'une scène finale dans la neige. Je n'avais pas la télévision dans ma chambre, comme Proust, je me couchais de bonne heure. J'ai donc eu la chance de voir La Grande Illusion  aux heures où les braves gens ne dormaient pas.

Aujourd'hui, si vous voulez voir un incontournable du cinéma français, c'est Arte qui vous permettra de le découvrir à une heure encore décente, dimanche 16 février à 20 heures 45. La chaîne franco-allemande double d'ailleurs la mise le jour suivant, avec la diffusion, toujours en noir et blanc, d'un autre pamphlet cinématographique pacifiste, plus jeune de 20 ans, puisque tourné en 1957, Les sentiers de la gloire de S. Kubrick.  On appréciera au passage cette programmation cohérente, et pas seulement parce que les deux films  constituent des évocations de la Première Guerre mondiale. 

Il y aurait tant à écrire sur ce chef d'oeuvre qu'est La Grande illusion...  L'évocation de la Grande Guerre n'est qu'un prétexte pour mieux nous plonger dans les années 1930, années de crise à tous les sens du terme : économique, politique, diplomatique, identitaire. On découvrira donc avant tout dans le film un émouvant et sincère engagement pacifiste (les scènes réunissant Pierre Fresnay et Erich von Stroheim, le grand réalisateur allemand mais aussi la fin du film quelque peu énigmatique), un peu de patriotisme (les discussions dans le camp allemand, la volonté de s'échapper à tout prix en creusant un souterrain pour échapper à l'ennemi allemand...) et quelques relents d'antisémitisme d'autant plus surprenants que Renoir était un réalisateur très proche du parti communiste et qui avait soutenu le Front Populaire en 1936. Ainsi, l'officier Maréchal interprété par le déjà très célèbre Jean Gabin s'adresse à son collègue d'évasion Rosenthal (magnifiquement interprété par le très grand Marcel Diallo) en le traitant de "Sale Juif".

La reconstitution de la Grande Guerre n'est, par contre,  en rien crédible et bien loin de la boucherie et de l'expérience combattante généralement décrite par ceux qui l'ont vécue... ou qui l'étudient aujourd'hui. Mais quel beau film sur la solidarité, la fraternité et la volonté de réconcilier les peuples au-delà des affrontements ! Assurément un film du passé mais pas un film passéiste. Ne passez pas à coté de sa diffusion, c'est de patrimoine du cinéma français dont il s'agit ici ! 

      

Une des oeuvres majeures du patrimoine cinématographique française qui, sous couvert de reconstitution de la Première Guerre mondiale, retrace tous les débats politiques de son époque en mêlant pacifisme, antisémitisme, patriotisme, lutte des classes... Un film d'aujourd'hui ? Non,... de 1937 !

Une des oeuvres majeures du patrimoine cinématographique française qui, sous couvert de reconstitution de la Première Guerre mondiale, retrace tous les débats politiques de son époque en mêlant pacifisme, antisémitisme, patriotisme, lutte des classes... Un film d'aujourd'hui ? Non,... de 1937 !

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8 février 2014 6 08 /02 /février /2014 15:56
SEMAINE DU 8 AU 14 FEVRIER 

 

 Si l'Amérique m'était contée... 

 
Attention : immense film à ne surtout pas rater dimanche 9 février sur HD1, à partir de 20 heures 50, Il était une fois en Amérique de Sergio Leone avec Robert de Niro, James Woods, Joe Pesci... et tant d'autres. Un film dont vous vous souviendrez et pas seulement quand vous entendrez sonner le téléphone ! 

 

Presque 4 heures de grand cinéma pour honorer comme il se doit la rentrée scolaire : cela nous changera des sempiternels reportages de télévision sur les salles de classe réoccupées avant que les cochons n'arrivent pour prendre les écoles en grippe. C'est donc France 3 qui nous fait ce beau cadeau, jeudi 3 septembre, en présentant le troisième "Il était une fois..." (Once upon a time) de Sergio Leone après l'Ouest (1968) et la Révolution (1972).... nous voilà en Amérique (1983). 45 ans d'histoire américaine, new-yorkaise pour être plus exact, des années 20 aux années 60 à travers Noodles, truand attaché à sa bande et à une certaine Déborah...


Ah que de grandes scènes, filmées en virtuose par le grand Sergio Leone, et qui vous restent en mémoire ! Celle de la fusillade dans la rue et Dominique "qui dérape", séquence qui clot de manière brutale la partie du film consacrée à l'enfance de Noodles et à ses premiers vilains coups mais aussi celle du corbillard à la sortie de prison où la défunte manifeste encore une ardeur intacte et la plus belle : le jeune Noodles regardant, par le petit trou de la lorgnette, subjugué et envoûté, Déborah danser et se déshabiller dans une arrière salle poussiéreuse. Si vous ne connaissez pas le cantique des cantiques, vous en apprendrez quelques passages avec Noodles ("Ses jambes sont des colonnes de marbre posées sur des bases en or pur") et confondrez, avec lui, passé et présent au cours de ses divagations dans une fumerie d'opium (sublime plan final avec un regard caméra filmé en plongée).

 

Et l'Amérique dans tout cela me direz-vous... ? Comme chez Scorsese ou de Palma, on la découvre à travers le monde interlope des bandits, la Prohibition, les rues, les promesses qui deviennent des fardeaux, l'amitié, les trahisons... Bref, Il était une fois le cinéma.

Un film grandiose et démesuré sur les mythes américains entre les années 1920 et 1960... avec une pléiade de magnifiques acteurs. Un monument du cinéma sur petit écran qu'il faudrait arriver à élargir pour en savourer toute la dimension ! Un film grandiose et démesuré sur les mythes américains entre les années 1920 et 1960... avec une pléiade de magnifiques acteurs. Un monument du cinéma sur petit écran qu'il faudrait arriver à élargir pour en savourer toute la dimension !

Un film grandiose et démesuré sur les mythes américains entre les années 1920 et 1960... avec une pléiade de magnifiques acteurs. Un monument du cinéma sur petit écran qu'il faudrait arriver à élargir pour en savourer toute la dimension !

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